En janvier 2018, Jérémie Moreau s’est vu remettre le Fauve d’Or, son troisième prix officiel du festival d’Angoulême en moins de quinze ans.
Le lien entre Jérémie Moreau et le festival d’Angoulême se forme très tôt. A huit ans, le jeune garçon né en 1987 participe pour la première fois au concours de la BD scolaire du festival.
Passionné, ayant à cœur de raconter des histoires, il réitère l’expérience tous les ans. Sa persévérance finit par payer : en 2005, il remporte ce prix tant convoité. En 2012, après plusieurs sélections successives, le Festival d’Angoulême prouve à nouveau son attachement à Jérémie Moreau puisqu’il reçoit le prix Jeunes Talents — qui récompense un auteur n’ayant jamais publié professionnellement — pour son récit en trois planches Le suicidaire altruiste. Il s’oriente ensuite vers l’École des Gobelins, où il suit des cours d’animation, puis travaille comme character designer aux studios MacGuff, producteurs de films d’animation et d’effets numériques. Il est alors repéré par le scénariste Wilfrid Lupano (Les Vieux fourneaux), qui lui confie le dessin du Singe de Hartlepool (Delcourt, 2012).
Jérémie Moreau met à profit sa formation aux Gobelins en utilisant la grammaire de l’animation pour construire sa narration et sa mise en scène. Travaillant pour la première fois sur un récit long, il affine sa technique du découpage et affirme sa maitrise du rythme et du mouvement. Son dessin révèle une grande vivacité et affiche pour l’occasion l’influence des maîtres britanniques de l’illustration comme Ralph Steadman et Ronald Searle. Cette collaboration avec Wilfrid Lupano est fructueuse. L’album est nommé en Sélection Officielle du Festival d’Angoulême 2013 et reçoit de nombreux prix. Jérémie Moreau se lance ensuite dans sa première bande dessinée au long cours en solo, Max Winson (Delcourt, 2014). Dans ce récit très remarqué en deux volumes, un jeune tennisman toujours victorieux cherche à s’émanciper de la tyrannie du succès. Entre expressivité et caricature, le trait de Jérémie Moreau va chercher cette fois-ci du côté de James Ensor et de Winsor McCay.
Le Festival d’Angoulême ne perd pas de vue le jeune auteur : son album suivant, Tempête au haras (Rue de Sèvres, 2015) adapté d’un roman de Chris Donner, fait partie de la sélection jeunesse 2016. Puis c’est la consécration, en janvier 2018, avec La Saga de Grimr (Delcourt, 2017), épopée tragique et puissante qui met en scène un jeune orphelin rêvant de devenir un héros de légende. Inspiré par les sagas islandaises, cet album aux aquarelles sublimant les lumières et les reliefs de l’Islande reçoit le Fauve d’Or – Prix du meilleur album. Un parcours fulgurant mené avec brio et détermination, au plus près des ors du Festival.