Vingt ans déjà! Quand, à la fin des années 90, la joyeuse bande des dessinateurs foutraques, anars de droite qui “sévissaient” dans les milieux de la droite alternative, des 4 Vérités à l’Action française, de Contribuables Associés au Paquebot, en passant par Légitimiste ou une foultitude d’élus locaux bien dans leurs pompes de Français de droite, décida d’organiser une exposition à la mairie du 2e arrondissement de Paris, sous ce nom loufoque de “Délit d’images”, j’étais persuadé qu’il s’agirait d’un coup d’éclat, mais aussi d’un coup sans lendemain. Je me trompais sur le deuxième point. Ce fut bien un coup d’éclat, mais, 20 ans après, Délit est toujours là.
Le directeur de la publication que je suis regarde bien un peu ce site étrange avec l’air effaré, attendri et abasourdi d’une poule qui aurait couvé un moineau. Cela ne ressemble à rien de connu. On voit mal comment on pourrait bâtir une stratégie politique à partir de “ça”. Mais c’est aussi une gigantesque rigolade et, par les temps qui courent, le rire est une arme politique et une arme de légitime défense des Français de France persécutés dans leur propre pays!
Et puis, ce site, c’est aussi une improbable incarnation virtuelle, si cet oxymores peut avoir un sens, de l’excellent Miège – qui fête, paraît-il, ses 50 ans en même temps. Personne de sensé ne peut sérieusement croire que ce gamin, entouré de chats, d’anges dans les étoiles et et d’arêtes de poissons, puisse un jour atteindre les 50 ans, mais l’état-civil qui a le sens de l’humour d’un coquillage, lui, semble tout ignorer du bonhomme.
Il me revient d’ailleurs aux oreilles que, malgré un handicap congénital, transmis par certain albatros poétique, à s’adapter au monde moderne, Miège met maintenant lui-même en ligne ses propres dessins. Si l’on se souvient des invraisemblables problèmes que suscitaient chaque semaine l’envoi de son “fax” rituel aux 4 Vérités, on mesure le chemin parcouru. Finalement, il a peut-être bel et bien grandi!
En tout cas, longue vie à ce gamin “mi-centenaire” et à son joujou virtuel!
Faites-nous longtemps rire et rêver que nous aussi, nous sommes éternellement, non pas “jeunes”, comme les soixante-huitards cacochymes qui fêtent pesamment le triomphe de leur révolution, mais bel et bien des gamins. Ou, comme disait Charrette, la “jeunesse du monde” – ce qui vous a tout de même une autre allure que le jeunisme vieillissant de cette société décadente si joliment moquée par nos amis.
Guillaume de Thieulloy
Directeur de la publication de Délit d’images