Cette délicate friandise en forme de losange se compose d’amandes blanchies et broyées et de melon confit, nappée de glace royale.
Plusieurs versions sont avancées pour définir le sens du mot “calisson”. Dans son livre Les guêpes (1847), le chroniqueur Alphonse Kaar relate le mariage du roi René avec Jeanne de Laval au XVe siècle, réputée peu gracieuse et austère, la promise aurait décroché un merveilleux sourire en dégustant une friandise confectionnée à cette occasion. Émoi parmi les courtisans. Que se passe-t-il? Qu’est ce qui enchante la reine ? “Di calin soun !” (Ce sont des câlins !) lui aurait-on susurré en provençal…
La bénédiction des calissons
Inconnu à Aix avant 1348, le terrible fléau de la peste va ravager régulièrement au cours des siècles la population aixoise comme partout ailleurs. L’une des plus terribles épidémies advint en 1629. Les magistrats de la ville prirent pourtant des précautions les plus sévères et firent même séquestrer les habitants dans leurs maisons !
On plaça alors, à chaque coin de rue, des niches ornées de statues de la Vierge, afin que de chez eux, les fidèles puissent prier. Les niches existent encore, et éveillent toujours la curiosité des touristes de passage à Aix.
Malgré les mesures prises, le mal empira, le Parlement de Provence et les magistrats épouvantés désertèrent alors la ville, y laissant le Prévost du Chapitre Mimata, le Consul Borilli et l’assesseur Martelly.
Chaque 1er dimanche de septembre
Le 20 janvier 1630, l’assesseur Martelly, à la tête des notables et du peuple, assiste à la grand messe et fait le voeu de faire célébrer chaque année, un office d’action de grâce dédié à la Vierge de la Seds, sainte patronne d’Aix. Cet événement devait laisser sa trace et, jusqu’à la Révolution, chaque 1er septembre, les cloches de la ville carillonnaient pour rappeler le voeu Martelly.
C’est au cours de l’un de ces offices que furent distribués les célèbres Calissons d’Aix, sorte de pains bénis.
Selon l’auteur Marcel Provence, cette légende fut rapportée dans un manuscrit retrouvé à la Pinacothèque de Munich, par le frère Capucin Bonnaventure de Six-Four,s intitulé « Festes d’Eglises et Coutumes de Missions en Provence ». Les Calissons, bénis par l’Archevêque, étaient distribués aux fidèles en chantant : « Venite Ad Calicem », ce que les Aixois, malicieux, traduisirent bien vite en : « Venez tous au Calisson ! ». Selon le Frère Bonnaventure de Six-Fours : « Ces sortes de biscuits, très tendres à la pâte d’amande, parce qu’ils sont puisés dans un large vaisseau en forme de Calisse, sont nommés Calissons ».
Et c’est ainsi qu’au cours des siècles, la tradition du voeu Martelly à Aix en Provence se perpétua…