La journée mondiale du Miège

Par Isabel Orpy

En ce 3 février, il n’ y a pas de Journée mondiale. Il faut attendre le 5 pour en trouver une un peu sympa, celle du Nutella. Donc je propose que le 3 février devienne, dès à présent, inutile d’attendre son décès, la journée du Miège!

Cela permettra en même temps de la rendre mondiale, en honorant la Bishop Miege High School, une fac américaine, la commune helvétique, siège historique de la secte des Raëliens et enfin de célébrer l’hexagonal David Miège, le nôtre, car il en existe au moins un autre, son cousin éloigné, anglophone et cow boy canadien.

Pour bien célébrer ce monument longiligne de 192 cm, il va donc me falloir rédiger son hagiographie, exercice d’autant plus éprouvant que ne le côtoyant que trop, il me faut au quotidien supporter ses attraits.

Gentil le Miège, c’est une légende! Demandez lui un insigne crobard en urgence pour illustrer un article parce que ça fait deux heures que vous cherchez une photo sans droit… Tout à coup, il ne sait plus dessiner et volent les feuilles… et les chiffons de papier qui ratent la corbeille…

Puisqu’on parle chiffons… Il affectionne les chemises froissées mais pas que… les pulls en boule, les jeans pourris et sous prétexte de mal aux pieds, les godasses si abimées que vous les auriez poubellées depuis six mois. Il est si élégant que, régulièrement, son fan club de copines lui offre un costard pour ne plus avoir honte quand elles le promènent… qu’il ne porte pas pour deux raisons: il ne sait pas faire un noeud de cravate… et puis, il croit avoir toujours huit ans, d’où les plaisanteries assorties qui consternent sa progéniture, les chansons stupides par lui inventées et susurrées à tue-tête*… les Haribo plein les poches, et surtout le fait qu’un costume, c’est pour les vieux.

J’ai essayé de situer l’âge du vieux selon notre gribouilleur bien aimé: cela commencerait vers 50 ans.

Aujourd’hui, nous célébrons donc les 48 ans du benjamin (mental) de Délit d’images, ce qui signifie qu’il a deux ans pour murir un peu, avant de se retrouver propulsé sénile, un vieux se comportant comme un enfant étant ainsi qualifié.

Un vieux qui a mal aux pieds, ça porte des charentaises, autant qu’il s’y mette tout de suite, on doit pouvoir lui en trouver des noires, sa couleur obsessionnelle préférée.

Un vieux ça en a vu des choses et n’a peur que de trucs censés, pas d’inoffensives poupées à tête de porcelaine, il sait qu’Annabelle et The boy ne sont que de grosses marionnettes pour films d’horreur doublées par des acteurs, non des personnages réels pouvant s’échapper de l’écran, pas davantage que la poupée-boite à musique, posée sur mon bureau, peut griffer.

Un vieux ç’est souvent fragile, il lui faut cesser de consommer de la glace par bac d’un litre, des cornichons ou des capres par pot entier, de privilégier l’immonde bouffe sous plastoche et les soupes chinoises lyophilisées… Il convient aussi d’en terminer avec les bulles de Périer, englouties à même la bouteille… et les bouteilles casse-gueule qui roulent sur le sol.

Un vieux n’étant pas ridicule avec des lunettes, il va donc lui falloir enfin porter celles qu’il a assignées à résidence dans leur étui, dont il a besoin depuis fort longtemps car il est terriblement hypermétrope, très peu presbyte. C’est très moche un vieux avec un oeil à moitié clos pour compenser le défaut de vision de l’autre oeil… Ca fait peur aux petits enfants. Enfin, ça permet de voir les innombrables poils de chat agrippés à son pardessus et d’inaugurer la brosse-roller offerte (de luxe) offerte il y a deux ans dèjà…

Un vieux dessinateur c’est compréhensif, reconnaissant, et ne grogne pas quand l’on colorie ses dessins parce que le noir et blanc c’est lassant et que pour suppléer un humour défaillant, l’on change aussi le texte des bulles pour sauver son honneur…

Un vieux qui fait profession d’humour n’affuble pas, chaque jour, sa (seule) consoeur (de la rédac) de surnom crétins type Truffinette mordorée, Chouchoune, Petit poireau ou Rutabaga, il le fait éventuellement dans son dos et en beaucoup plus drôle.

Ne voulant point vous imposer lecture trop longue voire fastidieuse, je reviendrai l’an prochain pour parachever cette hagiographie, douze mois ne seront pas inutiles à la poursuite de l’enquête préalable.