Les universités politiquement correctes «sont en train de tuer la liberté d’expression»!

♦ Les universités britanniques sont devenues trop politiquement correctes et sont en train d’étouffer la liberté d’expression en interdisant tout ce qui peut choquer quiconque : tel est l’avertissement que lançaient samedi un groupe d’éminents universitaires. Selon eux, toute une génération d’étudiants se voit refuser la possibilité «d’échanger des points de vue contradictoires dans des débats intellectuels » parce que l’autocensure qui règne dans les campus transforme ces derniers en des « espaces sécurisés» ultra-aseptisés.

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Leur intervention fait suite à un projet émanant d’un collège d’Oxford : enlever une statue historique de Cecil Rhodes, ancien élève et bienfaiteur de ce collège, sous prétexte qu’il est considéré comme le père fondateur de l’apartheid en Afrique du Sud. Pour le collège Oriel, la statue de Rhodes, située sur un bâtiment qu’il a payé, détonne par rapport aux valeurs d’une université moderne. Il va devoir affronter l’Angleterre historique, qui a inscrit cette statue au titre d’objet d’intérêt historique.

Dans une lettre publiée par The Telegraph, les universitaires, avec en tête Frank Furedi, professeur de sociologie à l’Université de Canterbury, et Joanna Williams, rédacteur de la rubrique formation à Spiked, prétendent que le projet fait partie d’une liste « croissante et de plus en plus longue » de personnes et d’objets interdits dans les campus britanniques, en même temps que des chansons pop, les sombreros et les athées. Le phénomène leur paraît « très inquiétant » car il réduit la liberté d’expression «comme jamais auparavant» puisque peu de choses se trouvent à l’abri de la censure des étudiants.

Comme les universités ont de plus en plus pour clients des étudiants qui paient leurs études, elles n’osent pas s’opposer à la «petite mais bruyante minorité» des activistes qui veulent tout interdire, depuis le journal The Sun à l’historien David Starkey.

La lettre dit : «Peu d’universitaires contestent la censure qui provient des étudiants. Il est important qu’ils soient plus nombreux à le faire, parce qu’une culture qui restreint le libre échange des idées favorise l’autocensure et amène les gens à avoir peur d’exprimer leurs points de vue de crainte d’être mal interprétés. Ce qui risque de détruire le tissu même de la démocratie.»

«Une société ouverte et démocratique exige que les gens aient le courage de débattre d’idées avec lesquelles ils sont en désaccord ou même qu’ils estiment offensantes. A l’heure actuelle il existe un risque réel que les étudiants n’aient pas la possibilité de participer à de tels débats.»

«Toute une génération d’étudiants se voit refuser la possibilité de confronter ses opinions à celles des étudiants avec lesquels elle n’est pas d’accord.»

Les universitaires pressent alors les vice-chanceliers de prendre une «position beaucoup plus ferme» contre toutes les formes de censure, et concluent : «Les étudiants qui se sentent offensés par des opinions opposées ne sont peut-être pas tout à fait prêts à être en université.»

Des professeurs se sont plaints récemment d’être victimes d’intimidations en ligne par des étudiants facilement offensés par des opinions opposées aux leurs. Ces derniers mois, des étudiants d’universités britanniques ont interdit, annulé ou contesté une multitude de conférenciers et de sujets parce que certains les avaient trouvés offensants.

Maryam Namazie, une éminente militante des droits de l’homme qui est l’une des signataires de la lettre, avait d’abord été interdite de cours à l’Université de Warwick parce qu’elle est athée et susceptible d’inciter à la haine sur le campus. Elle a fini par donner son cours à Warwick.

En septembre, l’Université d’East Anglia a interdit aux étudiants de porter des sombreros dont un restaurant Tex-Mex local leur avait fait cadeau parce que le syndicat étudiant a décidé que des non-Mexicains portant ces chapeaux à larges bords pouvaient être considérés comme racistes.

L’Université d’Oxford a annulé un débat sur l’avortement, des étudiantes estimant que la présence dans le panel d’une «personne sans utérus», autrement dit d’un homme, serait offensante.

Les étudiants de l’Université de Cardiff ont tenté d’interdire l’icône féministe Germaine Greer parce qu’elle a écrit un jour qu’un homme castré ne se comporterait pas comme une femme, ce qui a été considéré comme offensant pour les transsexuels.

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Mark Prisk, député conservateur de la circonscription où est né Cecil Rhodes, a déclaré : «C’est une vue plutôt étroite que d’essayer d’empêcher les gens d’exprimer leurs opinions ; même si nous trouvons ces opinions odieuses, cela ne supprimera pas le fait qu’elles ont existé ou que des gens les ont tenues.»

Ironie du sort : l’ancien étudiant sud-africain d’Oriel qui a pris la tête de la campagne pour enlever la statue de Rhodes a été étudiant à Oxford en tant que bénéficiaire d’une bourse financée par l’héritage de Rhodes.

Ntokozo Qwabe, créateur de la campagne Rhodes-doit-Tomber-à-Oxford, fait partie des plus de 8000 étudiants étrangers qui ont pu étudier à Oxford grâce à une Bourse de Rhodes, payée par le Trust de Rhodes mis en place par Cecil Rhodes dans son testament.

Le mois dernier, The Daily Telegraph a révélé que des étudiants de Harvard avaient demandé que la loi sur le viol ne soit plus traitée dans les cours pour le cas où des étudiants auraient été été victimes d’agression sexuelle. Et le président Obama a déclaré que « dorloter » les étudiants, ce n’est «pas comme ça qu’on apprend».

Les autres signataires de la lettre comprennent Kathryn Ecclestone, professeur d’éducation à l’Université de Sheffield, le professeur Alan Smithers du Centre pour l’éducation et la recherche d’emploi à l’Université de Buckingham et le Dr Cheryl Hudson, professeur d’histoire à l’Université de Liverpool.

Javier Espinoza & Gordon Rayner* -Polémia

*Javier Espinoza, Education Editor du Daily Telegraph, qui fut antérieurement reporter multimédia au Wall Street Journal à Londres et Gordon Rayner, reporter en chef du Daily Telegraph .

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