Europol lance son calendrier de l’Avent!

Depuis quelques années, celles de la « laïcité » qu’on accouche aux forceps, on tente de gommer de la fête de Noël tout ce qui pourrait rappeler qu’il s’agit là d’une fête chrétienne. On ne parle que de dépenses pour la grande bouffe et la débauche de cadeaux (onze par personne en moyenne, nous dit-on !) et l’on s’applique à en travestir tous les rituels porteurs de sens pour n’en faire que des arguments marketing. On se dispute pour savoir si l’on peut encore installer ici ou là une crèche affreusement ostentatoire aux bonnes mœurs contemporaines, et « Jingle Bells » a remplacé depuis longtemps « Minuit, chrétiens ». Désormais Frank Sinatra est le seul autorisé à égayer de sa voix suave les foires à la saucisse qu’on appelle marché de Noël sur les Champs-Élysées.

Dans tout ce fatras consumériste, les « calendriers de l’Avent » se sont taillés une place de choix. On les décline désormais en tout genre, en toutes tailles et surtout de tous les prix, de quelques pièces à plusieurs centaines d’euros. On en trouve chez Lidl comme chez Dior, au rouge à lèvres comme au whisky, et même avec des photos de femmes nues ou des accessoires pour la voiture à papa.

Dans ce contexte de course à la connerie, nos politiques et nos institutions craignent toujours d’avoir un train de retard.

Il leur faut s’imposer dans le paysage, « faire le buzz », eux aussi, quand ça bourdonne déjà de tous côtés. Alors Europol (nos fins limiers européens) a eu une idée formidable : le « calendrier de l’Avent spécial fugitifs ». Un truc génial : chaque jour, derrière la petite fenêtre en carton, la gueule d’un salopard recherché par toutes les polices de l’Union.
Ne nous y trompons pas : cela part d’une bonne intention. Il s’agit « d’aider les victimes » », dit l’Office européen de police, avec ce slogan : « Faisons de la période des fêtes une saison plus sûre en mettant ces criminels derrière les barreaux avant les vacances. »

Et là, comment vous dire… je ressens une certaine gêne. À dire vrai je m’interroge : n’y aurait-il pas comme une erreur d’interprétation ? Car le message de Noël – il existe encore pour beaucoup d’entre nous qui ne sont pas que des vieillards cacochymes – est un message d’amour, de paix, de pardon. C’est, pour ceux qui l’auraient oublié – ou, plus nombreux encore, qui l’ignorent ! –; l’avènement du « Sauveur », celui qui vient racheter nos fautes par son sacrifice. Alors, voyez-vous, marquer chaque jour des semaines de ce temps liturgique par la gueule d’une ordure poursuivie par les polices des 23 pays de l’Union européenne me paraît un tantinet décalé.

À moins, bien sûr, qu’il ne s’agisse justement de leur offrir notre pardon… Après tout, avec les abrutis qui nous gouvernent, tout est envisageable, y compris nous demander d’accueillir, la nuit de Noël, « Dédé » dit « le Vioque », échappé de prison en 2000, et qui occupe paraît-il la case n° 10.

Du coup, j’ose une prière : « Mon doux Jésus pauvre Seigneur, comme disait ma chère mère, s’il se pouvait qu’en cette sainte nuit de Noël, vous apportiez ne serait-ce qu’un peu de bons sens à ce monde d’abrutis, je vous en serais éternellement reconnaissante. » Amen.

Marie Delarue – Boulevard Voltaire

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