Pour les amateurs de fromage et spécialement de fromage de chèvre – ils sont nombreux parmi nos lecteurs – la nouvelle est rude : les biquettes ne font plus de lait. Ou plus exactement la filière fromage de chèvre manque de lait.
Que se passe-t-il exactement ?
Nous consommons de plus en plus de fromage de chèvre : le Valençay, le chabichou, le crottin de Chavignolles, le Rocamadour, le Pouligny, la rigotte de Condrieu. Un fromage qui se marie formidablement avec les vins. Il existe quatorze appellations contrôlées de fromage de chèvre, nous expliquent les spécialistes, une grande partie d’entre elles se situant dans le Centre-Val de Loire. Et nos fromages s’exportent, jusqu’aux Etats-Unis, jusqu’en Amérique latine.
Et pourtant la filière est en difficulté. Pourquoi ? Parce que les éleveurs de chèvres sont en voie de disparition. Sur la région Centre-Val de Loire, précisément, les faillites se sont multipliées, les départs à la retraite ne sont pas remplacés, les exploitations ferment les unes après les autres. Depuis 2001, c’est une véritable hécatombe.
Les normes européennes, évolutives, toujours plus contraignantes, toujours plus « écologiques », ont accru les coûts de production de façon aberrante en quelques années à peine.
Il manque désormais des milliers de tonnes de lait de chèvre. Mais plus personne ne veut se lancer dans un métier où le revenu annuel moyen tourne autour de 17 000 euros… pour un couple au travail ! Et quel travail ! 7 jours sur 7, deux traites par jour, pas de vacances. Un métier difficile (et coûteux) à mécaniser. Seules quelques grosses exploitations s’en sortent.
Devant le risque de voir disparaître toute la filière, on se remet à parler subventions, primes à l’installation. Mais le mal est fait. Berry et Touraine se sont désertifiés. Et on attend maintenant l’arrivée de laits de chèvre en provenance de l’étranger…
Francis Bergeron – Présent