Le nouveau numéro de Dar Al-Islam, la revue en français de l’Etat islamique, a été mis en ligne le 30 novembre 2015 et diffusé par Twitter. Dans ce numéro, les enseignants de l’école laïque sont menacés de mort en ces termes : « Il devient clair que les fonctionnaires de l’éducation nationale qui enseignent la laïcité tout comme ceux des services sociaux qui retirent les enfants musulmans à leurs parents sont en guerre ouverte contre la famille musulmane. Ainsi, la dernière trouvaille de l’Etat français est de retirer les enfants des musulmans qui ont simplement l’intention de rejoindre l’Etat du Califat. Il est donc une obligation de combattre et de tuer, de toutes les manières légiférées, ces ennemis d’Allah »
La couverture montre la photo d’un policier effondré dans les bras d’un autre policier sous le titre : « La France à genoux ». Ce numéro de 58 pages comporte huit chapitres, intitulés : LA MÉTHODOLOGIE PROPHÉTIQUE DANS L’ÉTABLISSEMENT DE LA RELIGION, qui recommande d’établir la religion pour unir et non pour diviser ; Ô VOUS QUI AVEZ CRU ! PRÉSERVEZ VOS PERSONNES ET VOS FAMILLES D’UN FEU, sur la nécessité d’extraire les enfants musulmans des institutions laïques ; DEUX, TROIS OU QUATRE, en référence au nombre d’épouses qu’il est permis d’avoir ; TU LES CROIRAIS UNIS, ALORS QUE LEURS COEURS SONT DIVISÉS ; une interview d’Abu Samir Al-Urdini, ex-membre du conseil consultatif de Jabhat al-Julani, ayant rejoint l’Etat islamique ; LES MOTS DE L’ENNEMI qui rapporte ce qui a été dit de l’Etat islamique par « l’ennemi » ; un reportage photos ; des nouvelles de l’Etat islamique.
Le résumé suivant s’intéresse à l’Introduction et au chapitre consacré à l’Education.
I – Introduction : les attentats de novembre encensés et la France menacée de nouveaux attentats plus terribles ; chaque musulman appelé à prendre « un Français, un Américain ou un allié » pour cible
Après le sommaire, le magazine présente pour illustrer l’introduction la photo d’un cadavre recouvert d’un drap blanc dans la rue, devant l’un des cafés ayant été pris pour cibles le 13 novembre à Paris. Les attentats sont qualifiés d’ « attaques bénies » dans le premier paragraphe qui commence en ces termes : « Pauvre France. Elle finit l’année comme elle l’a commencée : dans les larmes et le sang. La minable petite France a été frappée de plein fouet par les lions du Califat lors des attaques bénies du 13 Novembre 2015, à Paris et Saint-Denis. » Un verset du Coran est cité à l’appui de ces propos.
Paris est présenté comme le summum aussi bien de la perversion que de la chrétienté : Paris est appelé « capitale des abominations et « porte la bannière de la croix » : « Dans une attaque bénie dont Allah a facilité les causes, un groupe de croyants des soldats du Califat – qu’Allah lui donne puissance et victoire – a pris pour cible la capitale des abominations et de la perversion, celle qui porte la bannière de la croix en Europe : Paris. »
L’introduction présente les auteurs des attentats comme des personnes ayant « divorcé de la vie d’ici-bas » pour « secourir la religion d’Allah » et « humilier Ses ennemis », les « croisés » : « Allah a conquis par leurs mains et a jeté l’effroi dans le cœur des croisés sur leur propre terre ».
L’introduction retrace ensuite les attentats du 13 novembre : les lieux ciblés ont été choisis « minutieusement », « au cœur de la capitale », incluant le lieu ou se jouait un match entre « deux pays croisés », l’Allemagne et la France, et auquel assistait « l’idiot de la France, François Hollande », et incluant aussi le Bataclan, qui abritait des « idolâtres » dans une « fête de la perversité ». Le texte insiste sur la terreur qui a saisi la ville : « Huit jeunes frères munis de ceintures explosives et de fusils d’assaut ont pris pour cibles des endroits choisis minutieusement à l’avance au cœur de la capitale française : le stade de France lors du match des deux pays croisés que sont la France et l’Allemagne et auquel assistait l’idiot de la France, François Hollande, le Bataclan ou étaient rassemblés des centaines d’idolâtres dans une fête de perversité, ainsi que d’autres cibles dans divers arrondissements de Paris et ce simultanément. Paris a tremblé sous leurs pieds et ses rues leur sont devenues bien étroites. Le bilan de ses attaques est d’au moins 200 croisés tués et encore plus de blessés. La louange et le mérite appartiennent à Allah.”
S’agissant des auteurs des attentats qui se sont fait exploser, il convient pour les musulmans de les « rejoindre » en suivant leur exemple : « Puisse Allah les accepter parmi les martyrs et nous permettre de les rejoindre. »
L’introduction prévient qu’il y aura de nouveaux attentats et que la France est la cible privilégiée : « La France et ceux qui suivent sa voie doivent savoir qu’ils restent les principales cibles de l’Etat Islamique et qu’ils continueront à sentir l’odeur de la mort pour avoir pris la tête de la croisade, avoir osé insulter notre prophète, s’être vantés de combattre l’Islam en France et avoir frappé les musulmans en terre du Califat avec leurs avions qui ne leur ont profité en rien dans les rues malodorantes de Paris. Cette attaque n’est que le début de la tempête et un avertissement pour ceux qui veulent méditer et tirer des leçons. Allah est le plus Grand. »
Abû Muhammad al-‘Adnânî, porte-parole de l’Etat islamique en charge des opérations extérieures de l’Etat islamique, est cité, menaçant notamment les enfants et la population civile dans son ensemble : « Vous en paierez le prix [des attaques contre l’Etat islamique] très cher. Vous en paierez le prix lorsque votre économie s’effondrera, vous en paierez le prix lorsqu’ils enverront vos enfants nous faire la guerre et qu’ils vous reviendront infirmes, dans des cercueils ou malades mentaux. Vous en paierez le prix lorsque l’un d’entre vous aura peur de voyager dans n’importe quel pays. Plutôt, vous en paierez le prix lorsque vous marcherez dans vos rues en vous retournant de peur des musulmans et vous ne serez plus en sécurité même dans vos chambres. Vous en paierez le prix lorsque votre présente campagne de croisade se brisera et que nous attaquerons au cœur de votre terre. Après cela, vous n’agresserez plus jamais personne. Vous en paierez le prix et nous vous avons préparé, par la permission d’Allah, ce qui vous causera un grand tort ! » [Extrait du discours Ton Seigneur Demeure aux Aguets d’Abû Muhammad al-‘Adnânî]
L’introduction poursuit avec des menaces sous forme de questions rhétoriques et une injonction finale, celle de s’ « efforcer à tuer un mécréant français ou américain, ou n’importe lequel de leurs alliés » : « « Ô toi le muwahhid (…) vas-tu laisser l’Américain, le Français ou n’importe lequel de leurs alliés, marcher sur la Terre en toute sécurité tandis que les armées de la croix frappent de leurs avions les pays des musulmans sans faire de distinction entre civils et militaires ? (…) Vas-tu laisser le mécréant dormir sereinement dans sa maison tandis que les avions des croisés terrorisent, nuit et jour, les enfants et femmes des musulmans par leur vrombissement au-dessus de leur tête ? (…) Ainsi, ô toi le muwahhid où que tu sois, aide tes frères et ton Etat autant que tu le peux, et le mieux que tu puisses faire c’est de t’efforcer comme tu le pourras à tuer un mécréant français ou américain, ou n’importe lequel de leurs alliés. »
II – « l’Islam en tant que seule religion de vérité ne peut cohabiter avec cette laïcité fanatique [française] » ; les valeurs républicaines doivent être combattues ; l’Islam n’accepte pas la liberté de conscience ; frapper les enfants qui ne font pas la prière
Dans le chapitre intitulé Ô VOUS QUI AVEZ CRU ! PRÉSERVEZ VOS PERSONNES ET VOS FAMILLES D’UN FEU, les auteurs enjoignent les musulmans à délaisser « l’éducation des mécréants ». L’éducation laïque publique française est qualifiée de « judéo-maçonnique » et aurait pour objectif de « cultiver chez les masses l’ignorance de la vraie religion ». Il est précisé : « Le but de l’éducation dans le système de la jâhiliyah contemporaine est de cultiver chez l’enfant et l’adolescent les plus abjects comportements et de l’affaiblir jusqu’à ce que, enchaîné à ses plus vils instincts, il soit esclave des vrais maîtres de l’Occident : les juifs corrupteurs. » Des versets du Coran sont cités pour appuyer ces propos. Il est dit plus loin : « Le musulman doit savoir que le système éducatif français s’est construit contre la religion en général et que l’Islam en tant que seule religion de vérité ne peut cohabiter avec cette laïcité fanatique. »
Les valeurs de la République sont qualifiées de « tissu de mensonges » qu’il convient de « combattre » : « De nos jours, la charte de la laïcité est enseignée à l’école. Elle stipule que : « la Nation confie à l’Ecole la mission de faire partager aux élèves les valeurs de la République. » Ces « valeurs » ne sont pour le musulman qu’un tissu de mensonges et de mécréance qu’Allah lui a ordonné de combattre et de rejeter tout en déclarant la mécréance de ses adeptes ». En particulier, la valeur d’égalité est critiquée : « L’Islam est une religion de justice et ne croit pas à l’égalité telle qu’elle est enseignée dans les écoles de la république (…) En outre, les hommes et les femmes ne sont pas égaux puisqu’Allah nous dit : {Les hommes ont autorité sur les femmes, en raison des faveurs qu’Allah accorde à ceux-là sur celles-ci, et aussi à cause des dépenses qu’ils font de leurs biens. Les femmes vertueuses sont obéissantes (à leurs maris) (…) ».
Aux valeurs républicaines est opposée Allah comme seul et unique législateur : « La laïcité est la séparation de la religion et des affaires de l’Etat. Le musulman, lui, sait qu’Allah est Le seul législateur et que quiconque fait des lois, en dehors du cadre du Coran et de la sunnah, est un mécréant… ». Il est précisé que « l’Islam n’accepte pas la liberté de conscience » et que « quiconque renonce à l’Islam ou apostasie doit être tué ».
Le chapitre conclut avec l’affirmation que placer son enfant dans une école de la République, c’est le condamner à la voie de l’Enfer : « Lorsque tu mets ton enfant à l’école de la république, tu acceptes qu’il ingurgite cette bouillie de mécréance, corrompant ainsi sa prime nature et lui faisant emprunter les voies des gens de l’Enfer ».
Les « mécréances et péchés enseignés dans les écoles » sont ensuite énumérés ; y figurent la « laïcité et la démocratie », qualifiées de « fausse religion ».
Les valeurs d’ « humanisme » et de « tolérance » sont aussi rejetées, en ce qu’il ne devrait par y en avoir pour les « mécréants » : « Dans les écoles de la jâhiliyah, sont enseignés la tolérance, le respect des valeurs républicaines et le pluralisme des convictions. Or, le musulman déteste la mécréance et les mécréants, il les prend comme ennemis comme l’ont fait avant lui les prophètes. »
Les enfants doivent apprendre la prière et être « frappés » s’ils ne l’effectuent pas à l’âge de dix ans : « Le messager d’Allah a rendu obligatoire aux parents musulmans d’enseigner et d’ordonner la prière à leurs enfants dès l’âge de sept ans. Il a dit : Enseignez à vos enfants la prière alors qu’ils ont sept ans, et frappez-les s’ils ne la font pas à dix ans (…) Malheureusement, si un musulman applique ce commandement prophétique en France, il finira en prison et son enfant placé dans une institution. »
La « fornication », l’homosexualité et l’avortement sont condamnés et imputés aux juifs et aux francs-maçons : « Les mêmes mains judéo-maçonniques qui avaient chassé la religion de l’école y firent entrer la fornication, l’homosexualité, le meurtre d’enfants poliment nommé avortement » Et de préciser : « L’homosexualité est donc pour le musulman un vice maléfique et une perversion. A l’école républicaine, ce n’est qu’une ‘orientation sexuelle’ comme une autre »
Dans ce chapitre consacré à l’éducation, l’obligation de porter le hijab est rappelée pour « les mères, épouses, filles des croyants ». La mixité des écoles est condamnée, car propice à la « fornication ».
Finalement, l’enseignement de la musique est honni : « Un autre péché imposé est la musique présente à tous les niveaux de l’enseignement des écoles de la mécréance. »
Les enseignants de l’école républicaine pris pour cibles : des « ennemis d’Allah » qu’il convient de « combattre et tuer »
Le chapitre propose des « solutions » aux problèmes d’éducation rencontrés en France : l’immigration pour le califat islamique, ou hijrah ; l’autre solution est de « combattre et tuer tous ces corrupteurs » : « Il devient clair que les fonctionnaires de l’éducation nationale qui enseignent la laïcité tout comme ceux des services sociaux qui retirent les enfants musulmans à leurs parents sont en guerre ouverte contre la famille musulmane. Ainsi, la dernière trouvaille de l’Etat français est de retirer les enfants des musulmans qui ont simplement l’intention de rejoindre l’Etat du Califat. Il est donc une obligation de combattre et de tuer, de toutes les manières légiférées, ces ennemis d’Allah ». « Cela vaut pour les professeurs qui enseignent la laïcité aux enfants. Quant aux services sociaux qui arrachent les enfants musulmans à leur famille pour les confier à des mécréants et détruire ce que le musulman a de plus cher après sa religion, ceux-là combattent par la main et nous incitons nos frères en terre de guerre à les frapper le plus durement possible. »
Une comparaison est faite entre les « juifs qui tuent des enfants palestiniens » est les « institutions de la République qui assassinent les enfants musulmans », ce deuxième crime étant considéré comme plus grave : « Quant à toi qui es bouleversé par les enfants palestiniens que tuent les juifs, sache que tous les jours des enfants musulmans sont assassinés dans les institutions de la république judéo-maçonnique. »