Qui est Erin Brockovitch? (Vidéo)

Il y a plus de 20 ans, la compagnie Pacific Gas&Electric s’est engagée à nettoyer et à payer la somme record de 333 millions pour un déversement illégal de 26 tonnes d’une toxine cancérigène dans la petite ville de Hinkley, une histoire portée à l’écran dans le film Erin Brockovich, mettant en vedette Julia Roberts. Aujourd’hui, le poison est toujours là. Hinkley va bientôt perdre son unique école primaire et semble sur le point de devenir une ville fantôme, rapporte notre correspondant.

Barbara Ray et son chien Honey, à l’emplacement où se trouvait la piscine creusée de Mme Ray. Elle l’a fait remblayer pour ne pas contaminer les enfants au chrome hexavalent.

Les maisons disparaissent si vite que des résidants d’Hinkley se demandent parfois si elles ont jamais existé.

Le long de Mountain View Road, quatre maisons habitées depuis des décennies viennent d’être éventrées, puis emportées. Aujourd’hui, il n’y a que le désert, entouré d’une clôture de fer qu’il est criminel d’enjamber.

Des détails incongrus brisent la monotonie. Une boîte aux lettres oubliée. Un panier de basketball qui s’élève au milieu de nulle part.

Sous nos pieds, la toxine invisible continue de manger la ville.

«Je n’aurais jamais cru vivre cela à nouveau, laisse tomber Roberta Walker, résidante de longue date, assise devant sa maison alors que le soleil semble sur le point d’entrer en contact avec l’horizon. Aujourd’hui, je n’ai plus l’énergie pour me battre. Mais je ne partirai pas d’ici sans mettre mon pied à terre.»

Mme Walker sait de quoi elle parle: c’est elle qui a balancé une boîte de documents sur le chrome hexavalent sur le bureau d’une assistante juridique nommée Erin Brockovich, au début des années 90.

Reprise par Hollywood, leur histoire a fait le tour du monde: une mystérieuse toxine cancérigène empoisonne l’eau d’une petite communauté du désert. Une assistante juridique expose les machinations d’un géant énergétique responsable du déversement. L’affaire atterrit devant les tribunaux. Goliath paie 333 millions à David et s’engage à dépolluer les lieux. Julia Roberts sourit. Le public est satisfait.

Le chrome hexavalent est un produit hautement toxique employé par l’industrie lourde comme agent capable d’empêcher la corrosion dans les tuyaux et les cuves.

Catapultée dans l’imaginaire collectif lors du succès du film qui porte son nom, en 2000, Erin Brockovich a mis au jour le déversement illégal de chrome hexavalent à Hinkley et a participé au procès contre PG&E qui s’est soldé par un règlement négocié de 333 millions.

Roberta Walker, résidante de Hinkley et militante de la première heure, se souvient d’avoir donné du matériel et des études sur l’eau contaminée à Erin Brockovich, au début des années 90. Les deux femmes sont depuis devenues amies.

«C’était une drôle d’époque, dit Mme Walker. Nous avions des tas de questions, mais peu de réponses. Il fallait tout rechercher nous-mêmes. Les gens ne s’intéressaient pas au dossier.»

Réalisé par Steven Soderbergh, le film, dans lequel Julia Roberts tient le rôle d’Erin Brockovich, qui lui a valu un Oscar, est inspiré des faits réels, mais prend des libertés.

«Le bon côté, c’est que ça montre que la communauté s’est fait avoir. Les gens connaissent les grandes lignes de notre histoire», note Mme Walker.

À l’époque, Erin Brockovich était une assistante juridique pour l’avocat californien Edward L. Masry. Depuis, elle continue de s’engager dans les causes environnementales, notamment dans les cas d’exposition à l’amiante.

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