Juste la fin du monde est le dernier film de Xavier Dolan. Ce réalisateur est le cinéaste québécois le plus salué internationalement actuellement, qui accumule les prix. C’est un provocateur officiel, qui s’est distingué dans nombre de ses réalisations par des sujets militants au goût du jour, soutenant en particulier les comportements sexuels minoritaires. Il est encensé ainsi, de façon générale, pour un talent artistique paraît-il éblouissant. Sans rien en attendre de bon a priori, nous avons eu la curiosité de voir effectivement un film de Xavier Dolan, sur un sujet plus acceptable que le militantisme LGBT explicite.
Un trentenaire adulte se rend dans sa famille, qu’il n’avait plus vue depuis douze ans. Il compte se réconcilier avec elle, et lui annoncer qu’il en a plus que pour quelques mois à vivre. Le film est inspiré d’une pièce de théâtre des années 1990. Elle témoigne d’une autre époque, où on s’écrivait des lettres et des cartes postales, banalité qui devient curiosité de nos jours. De même, contexte daté, le fils et frère qui vient revoir sa mère, son frère et sa sœur, et rencontrer pour la première fois sa belle-sœur, est un malade du SIDA. Développer cette maladie signifiait la mort à brève échéance il y a plus de vingt ans, ce qui n’est plus le cas aujourd’hui, du moins dans les pays développés ; le SIDA ne se guérit pas, mais les malades peuvent vivre désormais longtemps. Aussi la maladie n’est-elle plus précisée.
Le public honnête fuira Juste la fin du monde
Sans relever de l’œuvre propagande pro-LGBT dans le scénario de base annoncé, Juste la fin du monde en relève nonobstant selon nous : le seul personnage positif dans cette famille perturbée, sympathique, bienveillant, qui se tait et sourit, est l’homosexuel. Tous les autres, à comportement intime a priori plus classique, se montrent dans leurs conduites et langages d’une extrême grossièreté. Le frère et fils aîné paraît toujours à deux doigts de frapper tous les autres membres de sa famille. Il est d’une perversité évidente. Sa femme est masochiste. La mère et la sœur sont grossières et stupides. Evidemment, tous – sauf la mère a priori, simplement grosse fumeuse et alcoolique – se droguent. Beaucoup sont des débauchés. Tous s’insultent grossièrement. Quel triste spectacle !
Nous reconnaîtrons certes volontiers des qualités de mise en scène à Xavier Dolan. L’intrigue est construite rigoureusement. Les caractères sont étudiés, à la truelle, mais étudiés. Les plans font l’objet d’une construction rigoureuse, avec souvent un travail perceptible des lignes de fuite. Le spectacle n’en reste pas moins, dans son fond comme sa forme, à fuir pour le public honnête.