Bravo Hulot!

Nicolas Hulot n’avait jamais vraiment voulu s’engager en politique, malgré les appels du pied de tous bords. Il était annoncé à chaque présidentielle, mais finissait toujours par renoncer. Il vient de renoncer, une fois de plus. Tardivement.

Cet homme n’était ni de droite ni de gauche, il était « hulotiste », et sans doute a-t-il estimé, il y a un an, que le macronisme lui permettrait d’assurer son autopromotion, sur la base d’un « en même temps » qui n’altérerait pas son image immaculée d’écologiste au-dessus des partis, sa popularité, la vente de ses shampooings et déodorants Ushuaïa.

Quand il a compris que faire de la politique, ce n’est pas uniquement une question d’images, de discours « bisounours », et de temps d’antenne, sa seule préoccupation a alors été de quitter le navire, et de le quitter au bon moment et de la bonne manière. C’est ce qu’il a fait mardi, devant un aréopage de journalistes incrédules. Sa sortie a donc été parfaitement réussie mais la seule chose qui restera de son passage en politique, de ces quinze mois en tant qu’écologiste en chef, c’est précisément cette démission publique et en direct, devant des millions d’auditeurs, le 28 août 2018. Une démission qui constitue un véritable coup de poignard dans le dos du président et de son Premier ministre.

Pour Macron, qui avait capitalisé sur ce bateleur d’estrades médiatiques, les difficultés commencent, car l’architecture gouvernementale est ébranlée. La difficulté vient moins du départ lui-même de ce ministre parfaitement ectoplasmique que du prétexte invoqué pour ce départ, de la façon dont il l’a annoncé, de la date choisie.

La raison invoquée, à savoir une soumission du gouvernement au lobby des chasseurs, vient torpiller les efforts de Macron lui-même pour donner l’impression que la loi prévue en 2019 sur la chasse serait une loi équilibrée, préservant « en même temps » les intérêts des chasseurs et plus généralement du monde rural, et les préoccupations écologiques. La loi sur la chasse survivra-t-elle à ce « scandale » ?

Porter le pire préjudice à l’équipe Macron

Les circonstances du départ : cette prise à témoin de l’ensemble des Français, par l’intermédiaire d’une station de radio, de son désaccord avec le gouvernement, est une véritable gifle, dans la mesure où ni Macron ni Edouard Philippe n’avaient été informés que le troisième personnage de l’Etat abandonnerait ainsi ses responsabilités, en direct devant les journalistes, les mettant devant le fait accompli.

Quant à la date, elle semble avoir été soigneusement choisie afin de porter le pire préjudice possible à l’équipe au pouvoir. Macron était en déplacement présidentiel au Danemark, et il s’est trouvé littéralement piégé, ridiculisé aux yeux de ses hôtes, son déplacement en a été saboté. Il venait pour parler de l’Europe, mais tout le monde ne parlait que du cas Hulot !

Par ailleurs le gouvernement se croyait en ordre de bataille pour cette rentrée politique. Les grandes lignes du budget 2019 avaient été fixées, le calendrier des réformes validé. Chacun était prêt à la manœuvre. La défection d’Hulot bouleverse ce bel ordonnancement, rendant nécessaire un remaniement ministériel. L’ordre de priorité des réformes en sera nécessairement modifié. Déjà le séminaire ministériel de rentrée a été annulé.

Cette gigantesque pollution de la planète macronienne est la seule réussite d’Hulot en quinze mois à ce ministère. Mais quelle réussite !

 

Françis Bergeron – Présent

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