https://www.youtube.com/watch?v=VuDLJWGti9c
Le restaurateur de Seine-Saint-Denis qui a chassé dimanche deux femmes musulmanes voilées de son établissement sera jugé le 24 novembre pour discrimination, a-t-on appris aujourd’hui auprès du parquet de Bobigny. Le patron du restaurant Le Cénacle, a Tremblay-en-France, a été réentendu aujourd’hui par la police et convoqué devant la justice pour “discrimination dans la fourniture d’un service en raison de l’appartenance à une religion dans un lieu accueillant du public”, a précisé le parquet. L’affaire, survenue dans un climat d’intenses polémiques autour de la place de l’islam en France, avait déclenché une tempête de réactions, jusqu’au gouvernement.
Dans une vidéo filmée par une des deux clientes et ensuite mise en ligne, on entendait deux voix de femmes lors d’un échange tendu avec l’homme en tablier blanc, dans la salle de restaurant. A l’une des deux femmes qui lance: “On ne veut pas être servies par des racistes, Monsieur!”, le patron répond: “Les racistes mettent pas des bombes et ne tuent pas des gens, les racistes comme moi!” “Parce qu’on a mis des bombes, Monsieur?”, lui rétorque la voix. “Madame, les terroristes sont musulmans et tous les musulmans sont terroristes. (…) Des gens comme vous, j’en veux pas chez moi. (…) Maintenant, vous le savez, alors partez!”
Les deux clientes avaient alors quitté les lieux, après avoir prévenu la police, qui s’est rendue sur place dans la soirée. “J’ai pété un câble”, a ensuite dit sur BFMTV le restaurateur, qui a présenté ses excuses “à toute la communauté musulmane” et aux deux clientes. Les deux femmes ont porté plainte lundi, soutenues par le Collectif contre l’islamophobie en France (CCIF), qui dénonce le “basculement raciste” de la France.
Le CCIF a annoncé son intention de se porter partie civile et réclamé dans un communiqué “des sanctions exemplaires” pour que cesse “l’impunité des violences et discriminations islamophobes”.
De leur halal à notre hallali!
L’enquête se poursuit à propos des propos islamophobes tenus par un restaurateur de Tremblay-en-France, ce week-end, à l’encontre de deux femmes musulmanes dans son restaurant. C’est le profil de ces deux dernières qui intéresse désormais les enquêteurs. Si l’agression raciste ne fait aucun doute — une vidéo montre le chef déclarant que « tous les musulmans sont terroristes » et refusant de servir les deux victimes — quelques zones d’ombre subsistent par ailleurs.
« Il faut éclaircir plusieurs points. Notamment pourquoi ces deux femmes, qui sont originaires de Trappes* (Yvelines) et Argenteuil (Val-d’Oise) sont allées déjeuner dans un restaurant de Tremblay, qui ne figure pas dans les guides », note une source proche du dossier.
Car une « hypothèse d’enquête » suggère que les deux victimes de l’agression étaient en train de « tester » ce restaurant dans le cadre d’une mission liée à la lutte contre les discriminations. Et ce restaurateur aurait possiblement eu des antécédents, et été « fléché » par des organismes antiracistes. « Tout ceci est à confirmer, ce ne sont que des pistes de travail », insistent plusieurs sources proches du dossier. C’est dans ce cadre que les deux femmes vont être « à nouveau entendues » par les enquêteurs.
Autre nouveauté dans ce dossier : le Collectif contre l’islamophobie en France (CCIF), qui fournit une aide juridique aux deux victimes, a publié une vidéo dans laquelle « Sarah », présentée comme l’une des victimes et visage caché, raconte l’agression. Et « l’impact » d’un tel épisode traumatique, qui oblige à se « construire dans la lutte ». Reste qu’à aucun moment « Sarah » ne parle de « test » d’un restaurant, mais évoque plutôt l’envie de passer un bon moment dans « un restaurant où on ne va pas forcément tous les jours ».
- Trappes Tremblay-en-France: 120 kms.