Carmina

Carmina est le prénom de l’héroïne du film. Elle est une Sévillane mûre, habitant un immeuble de sa ville natale. Elle est aussi grand-mère. Elle se trouve effectivement au centre de l’action de cette comédie d’humour noir, très noir même. Son mari meurt brusquement un vendredi soir. Après un moment de panique, et avoir appelé en urgence leur fille sous le coup de l’émotion, elle décide de ne déclarer officiellement le décès que lundi matin. En effet, ce jour-là arrive l’échéance du versement d’une prime d’assurance-vie, qui ne peut avoir lieu que si le bénéficiaire est vivant. D’où la décision ferme de Carmina de dissimuler à tous, sauf à sa fille forcément au courant, et qui finit assez vite par consentir à la supercherie, ce décès. L’exercice n’est pas si évident dans le cadre de visites de famille ou de voisinage absolument inévitables, et d’autant plus inévitables qu’il ne faut éveiller aucun soupçon. Le mari est réputé vivant, mais malade, en profond sommeil, et à ne surtout pas déranger, ce que tous comprennent. Les difficultés viennent le deuxième jour, lorsqu’il commence à sentir.

Carmina, sous l’angle d’une famille en deuil ou sur le point de l’être, et de son voisinage, offre l’occasion d’une vision critique de l’Espagne d’aujourd’hui. Le temps du film, sans que de grosses ficelles apparaissent, est à peu près tout évoqué, des lourdes difficultés économiques structurelles persistantes dans le pays à l’immigration. Certains dialogues sont franchement drôles, comme celui où se manifeste une admiratrice inconditionnelle de la reine Sofia – mère du roi actuel Philippe VI, et épouse du précédent Jean-Charles I -, qui en a eu en effet récemment de grosses contrariétés avec ses enfants… Par contre, il est absolument inadmissible dans un film destiné au grand public que soient prononcées des phrases licencieuses ; le caractère de l’obsédée sexuelle féminine catalane n’est certes pas flatté, mais de tels propos ne devraient jamais être proposés à un public honnête. De ce fait, nous ne saurions hélas recommander Carmina.

Cette manifestation de mauvais goût s’avère d’autant plus dommageable que le film dans son ensemble s’avère vraiment drôle, et peut amuser du début à la fin les amateurs d’humour noir. Le personnage de Carmina, charismatique, qui ne se laisse démonter par rien, impressionne et égaye à la fois. Il y a probablement une dimension de parabole à cette histoire de Carmina : outre le cas du défunt mari, d’autres exemples sont donnés de spéculations sur la mort, symptôme d’un pays encore assez malade, suivant le point de vue soutenable du réalisateur.

Lu sur Informations TV

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