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Le département de la Charente dépendait, à l’époque romane, du comté d’Angoulême sur le plan temporel et du diocèse de Périgueux sur le plan religieux. Très pittoresque et riche en monuments, il compte au nombre des « Plus Beaux Villages de France ». Deux monuments appartiennent à l’âge roman, la façade de l’église Saint-Jacques et l’ensemble souterrain communément appelé Saint-Jean-l’Évangéliste.
L’ensemble souterrain est l’ensemble le plus surprenant de la Charente. Creusé par un évidement de la roche, il est composé actuellement de deux églises, d’une nécropole et d’une crypte révélée lors d’un éboulement en 1960.
À l’extérieur, il comprenait des édifices maçonnés, aujourd’hui disparus. Son histoire est peu connue, si ce n’est que l’ensemble a été abandonné au XVIIIe siècle après avoir servi de cimetière. Au début du XXe siècle, un instituteur s’enthousiasma pour le lieu et réussit à le faire visiter par le Congrès archéologique de 1912 et à le faire classer la même année. En 1958, des travaux de restauration et de consolidation ont été entrepris.
L’accès au site se fait par une église, aujourd’hui très ruinée, à cinq vaisseaux dont la hauteur est décroissante du vaisseau central aux collatéraux. Dans le collatéral nord, un escalierconduisant à une crypte creusée dans le rocher a été découvert lors de la campagne de restauration. Elle se situe sous la nef d’où elle était visible par une fenestella qui existe toujours mais, par souci de protection, a été ré-ensevelie.
Elle est axée nord-sud et comprend une nef de dimensions considérables (17,40 m de long sur 11 m de large, et 17 m de haut), un collatéral (séparé du vaisseau principal par deux colonnes) et une abside. Le couvrement taillé dans la roche est en berceau plein-cintre pour la nef et plat pour le collatéral. Au milieu de la travée centrale se trouve une cuve ronde accessible par quatre marches — l’escalier a été rétréci par le creusement d’une tombe — avec, au fond, une croix sculptée en creux. Quelle était sa fonction ? Une fosse à reliques comme à Saint-Germain d’Auxerre ? ou une cuve baptismale ? Cette dernière hypothèse paraît plus crédible ; en effet, lors des restaurations, il a été reconnu une rigole qui l’alimentait en eau et, de plus, elle est située au centre de la nef. Cependant, les usages décrits par les textes laissent supposer que le baptême par immersion avait disparu dès l’époque carolingienne et les piscines étaient déjà remplacées par des fonts baptismaux. Alors ? La question reste entière.
L’abside abrite un édicule monolithe de forme hexagonale à deux niveaux. Le premier est orné d’arcatures aveugles dont les tailloirs des chapiteaux lisses étaient réunis par un bandeau. Le second niveau légèrement en retrait, moins haut, est ajouré par six arcatures. Sa forme rappelle celle du Saint-Sépulcre de Jérusalem et pourrait désigner un reliquaire monumental.
Une galerie, placée à 15 mètres de hauteur et accessible par un escalier taillé dans le roc, cerne l’église sur trois côtés. Elle donne sur la nef par des baies en plein-cintre. Il en partait un couloir souterrain conduisant directement au château. Au sud de l’église Saint-Jean, une salle ayant servi de cimetière abrite des tombes taillées dans la roche.
Cet ensemble souterrain est difficile à dater avec précision, car son histoire est mal connue. Des indices archéologiques permettent de situer son aménagement au début du XIIe siècle bien qu’il subsiste beaucoup de zones d’ombre.