Qu’est-ce qu’on a bien pleuré au Festival du Journalisme de Couthures- sur-Garonne! (Vidéo)

Couthures-sur-Garonne, à deux pas de chez moi. Certains de mes ancêtres y sont nés et y ont vécu, paysans de la Garonne, durement. Aujourd’hui, le village a accueilli, fin juillet, pendant quatre jours, le Festival du journalisme vivant où l’on trouve essentiellement les journaux du groupe Le Monde. Il suffit donc d’aller lire Le Monde pour tout savoir de ce festival.

D’abord, le financement. Car ce journalisme est tellement vivant qu’il a quand même besoin, pour faire son festival d’été, de bien des soutiens financiers… On pensait pourtant le groupe Le Monde florissant, bien arrosé par les aides publiques à la presse et les industriels qui le détiennent. Eh bien, cela ne suffit pas, visiblement, pour se payer des quartiers d’été chez nous. Donc, subventions ! Communauté de communes de Val de Garonne Agglomération, conseil départemental du Lot-et-Garonne et région Nouvelle-Aquitaine. Voilà à quoi s’amusent nos collectivités, dont un conseil départemental socialiste en faillite, avec vos impôts. Rien de plus pressant que de subventionner les vacances d’un journalisme déjà subventionné par l’État…

Ensuite, les activités. Laissons Gilles van Kote, « envoyé spécial du Monde » (sic !) à ce festival du Monde (on a connu mission journalistique plus périlleuse…), parler des « performances, comme celle qui a vu le chorégraphe tunisien Rochdi Belgasmi noyer sous un tourbillon de déhanchés la superbe place de la Cale. […] tout comme celle du créateur Jean-Charles de Castelbajac, qui a entraîné les festivaliers dans une déambulation au gré de ses interventions sur les murs de Couthures. […] Pour ce qui est de l’émotion, le point culminant a été atteint lorsque la marraine du festival, la cantatrice Barbara Hendricks, à l’issue d’un entretien sur son engagement auprès des réfugiés, s’est lancée dans un blues décharné et puissant inspiré par le destin des migrants. Les larmes ont également coulé au moment de la standing ovation réservée à Ric O’Barry, le dresseur des cinq dauphins ayant incarné le célèbre Flipper sur le petit écran, à son entrée dans l’église de Couthures. Le film The Cove, qui raconte comment cet Américain est devenu l’un des plus ardents défenseurs de la cause animale après avoir vu un de ses dauphins se laisser mourir dans ses bras, venait d’y être projeté. Une illustration parfaite de la thématique “Changer de vie” »

​‌”

Les déambulations de Castelbajac, un « blues décharné » de Barbara Hendricks sur les migrants et Flipper le dauphin sur l’autel de l’église de Couthures-sur-Garonne… Mon Dieu… Et des pleurs, et de l’émotion. C’est Beuve-Méry qui a dû se retourner dans sa tombe. Et Albert Londres au fond de la mer. Et ma grand-mère dans son cimetière lot-et-garonnais.

 Donc, ça dansait, chantait et se déhanchait beaucoup dans ce festival de journalisme, comme le portfolio du journal le montre. À vrai dire, les deux mots sont peut-être un peu… antithétiques, non ?

Car on aurait pu penser qu’un festival international du journalisme vivant aurait évoqué l’islamisme radical présent dans ce coin du Sud-Ouest, les fichés S interpellés récemment dans les villages voisins et celui qui a poignardé un paysan qui moissonnait. A-t-on lancé un appel pour la démocratie et le pluralisme au Venezuela ? A-t-on réagi aux derniers attentats djihadistes en Allemagne et à l’étrange façon qu’a la presse – Le Monde au premier chef – de traiter – ou de ne pas traiter – ces informations ? S’est-on inquiété des restrictions de la liberté d’expression en France inscrites dans la loi de moralisation votée cette semaine ? A-t-on invité des représentants des nouveaux médias ? Je ne sais pas… Gabrielle Cluzel ou Charlotte d’Ornellas, vous savez, ces journalistes libres qui nous ont appris des choses sur les migrants, les fichés S ou la Syrie avant que les journalistes du Monde ou de L’Obs ne les découvrent et ne les réenfouissent ?

Non, le festival s’est achevé par un appel en faveur de la liberté de la presse et du pluralisme. En Pologne.

Sans commentaire.

 

Dominique Monthus – Boulevard Voltaire

Related Articles