La Chine veut faire du tri sélectif dans nos déchets!

Comme elle en a informé l’OMC, la Chine veut interdire les importations de certaines catégories de déchets. Cette décision du premier importateur mondial pourrait entraîner l’engorgement des sites de traitement occidentaux et une baisse des cours mondiaux des matières premières recyclées.

L’annonce a fait l’effet d’un coup de tonnerre sur la planète recyclage. Le 18 juillet dernier, la Chine a informé l’Organisation mondiale du commerce (OMC) de son intention d’interdire l’entrée sur son territoire à 24 catégories de déchets solides, dont certains plastiques, papiers et textiles. Une mesure qu’elle entend mettre en œuvre dès septembre prochain ou au plus tard d’ici la fin de l’année.

Confrontée à une situation critique concernant la pollution de son air et de ses sols, la Chine invoque l’argument environnemental. “Nous avons constaté que de grandes quantités de déchets de mauvaise qualité, et même de déchets dangereux, sont mélangés avec des déchets solides. (…) Cela pollue sérieusement l’environnement de la Chine” précise ainsi le ministère de l’Environnement dans sa notification à l’OMC.

Dans le même temps, la Chine tente probablement de favoriser sa propre industrie de recyclage. Elle a en effet lancé en 2017 un plan visant une augmentation de 67% du chiffre d’affaires de l’industrie du recyclage en 2020, par rapport à 2015.

Pékin a d’ailleurs annoncé son intention de fermer les nombreuses usines de recyclage les plus polluantes du pays a déjà commencé depuis plusieurs mois à renforcer le contrôle de la qualité des déchets importés.

Un quart des exportations de déchets absorbées aujourd’hui par la Chine

Mais cette décision pourrait avoir de lourdes conséquences pour l’industrie mondiale des déchets dans son ensemble.

En effet, la Chine est aujourd’hui le premier importateur de déchets. En 2015, elle a absorbé 49,6 millions de tonnes de déchets solides sur les 180 millions de tonnes exportées dans le monde cette année-là pour une valeur de 86 milliards de dollars. Les ferrailles constituent l’essentiel des exportations (87 millions de tonnes en 2015), devant le papier (57,5 millions de tonnes), les métaux non ferreux (16,3 millions de tonnes) et les plastiques (11,8 millions de tonnes).

Ces volumes, qui ont doublé depuis le début des années 2000, ne représentent qu’une petite partie de la production mondiale de déchets, estimée à plus d’un milliard de tonnes pour les seuls déchets ménagers. Et bien que le commerce mondial des déchets soit très réglementé, notamment par la Convention de Bâle entrée en vigueur dans les années 90, on estime que 20% des volumes produits font l’objet d’un commerce illégal. Celui-ci affecte principalement les déchets d’équipements électriques et électroniques « recyclés » dans les pays en développement au mépris de toute norme environnementale et sanitaire.

En 2015, la Chine a importé 7,3 millions de tonnes de déchets plastiques, essentiellement d’Europe, du Japon et des Etats-Unis, ainsi que 27 millions de tonnes de déchets papiers.

Les Etats-Unis et l’Europe, premières victimes de la décision chinoise

Les Etats-Unis et l’Europe risquent d’être particulièrement affectés par la décision de Pékin. Les premiers ont exporté 42,8 millions de tonnes de déchets en 2015, pour une valeur totale de 23,7 milliards de dollars, dont 5,6 milliards de dollars pour les métaux, papiers et plastiques.

C’est à la Chine que l’Europe vend plus de 50% de ses exportations de déchets, notamment films plastiques ou de papiers et cartons. Or les capacités des usines de recyclage européennes ne permettront pas d’absorber ces volumes si la Chine les refuse désormais.

Bien sûr, la décision chinoise favorisera les acteurs capables d’exporter des déchets de qualité, c’est-à-dire notamment déjà correctement triés. Mais le marché de certaines matières, comme les plastiques recyclés souffre déjà de surcapacité, la filière manquant de débouchés chez les industriels.

Au-delà des risques d’engorgement dans les sites de traitement européens, c’est la pression à la baisse sur les cours mondiaux des matières recyclées qui menace le commerce mondial des déchets.

En 2013 déjà, les mesures prises par la Chine pour renforcer les contrôles sur les déchets arrivant sur son territoire avaient ainsi entraîné une baisse des prix des matières premières recyclées sur les marchés mondiaux.

 

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