Leur histoire et leurs actions restent méconnues du grand public. Les religieuses missionnaires n’ont pourtant rien à envier à leurs homologues masculins, bien au contraire. Plus de la moitié des évangélisateurs étaient des femmes qui voyageaient d’abord en tant qu’auxiliaires de prêtres puis, une fois sur place, intégraient les populations. Ces femmes ont vécu une aventure que l’historien René Rémond juge « sans aucun équivalent dans l’histoire du monde, ni dans celle d’aucune religion ».
Agnès Brot, spécialiste de l’histoire de l’Église des XIXe et XXe siècles, et Guillemette de la Borie, journaliste à La Croix, se penchent sur les parcours de huit de ces croyantes d’exception. Pour retracer le parcours de ces femmes, les auteurs se sont appuyées sur des correspondances, des archives de congrégations et sur des articles dans les Annales de la propagation de la Foi et les bulletins des missions catholiques.
Leur ouvrage étonnant met en lumière la foi sans failles de ces femmes qui ont su braver les préjugés de l’époque pour servir l’Église d’un bout à l’autre du monde, de la Nouvelle-Zélande à la Chine, en passant par le Brésil. Quittant l’Hexagone à tout jamais, elles ont entrepris de longs voyages au péril de leur vie, comme Marie-Françoise Perroton et Jeanne-Marie Hautin qui ont voyagé onze mois pour aller en Océanie.
Les religieuses missionnaires ont été confrontées à la solitude, aux échecs, aux privations et à la guerre. Malgré ces épreuves, elles sont toutes parvenues à se forger des destins exceptionnels. Animées par la foi et l’amour du Christ, elles ont construit des écoles et des hôpitaux dont certains restent encore.
Jeanne-Marie Rumèbe, missionnaire à Jérusalem parmi des infirmières malade du choléra, et qui en mourra elle-même, résume ainsi la foi qui l’a portée jusqu’en Terre sainte : « Je suis dévorée du désir de gagner des âmes ».
Héroïnes de Dieu d’Agnès Brot et Guillemette de la Borie. Presse de la Renaissance, 2011, 20 euros.