À quoi servent encore les ambassadeurs et les diplomates à une époque où n’importe qui, de n’importe où et n’importe quand, peut communiquer avec la ou les personnes de son choix en direct ? À quoi sert le personnel diplomatique à une époque où le transport est devenu une simple formalité pour aller d’un point à l’autre de la planète ? À quoi servent les personnels d’ambassade à une époque où l’anglais d’aéroport est maîtrisé par toutes les élites de tous les pays ?
Malgré la mondialisation, des différences considérables peuvent encore exister entre les pays. Les différentes langues et cultures, la géographie et les ressources à disposition, l’Histoire et les religions, tout cela constitue autant de facteurs qui entretiennent, génèrent et expliquent les différences de mentalité, de réactions politiques et sensibilités.
Hélas, trop souvent, de nombreuses personnes oublient bien vite les facteurs sus-cités, ou bien ne les prennent en compte que partiellement, en fonction de ce qui leur est donné à penser à travers le prisme de la presse – seule source d’information sur l’étranger pour une majorité écrasante de citoyens. Et une partie des milieux politiques tombe dans cet écueil.
Car la presse est toujours partisane. Qu’on le veuille ou non, le choix des sujets que l’on traite – ou ne traite pas -, le jugement que l’on porte par rapport à ses valeurs morales, le réseau de sources que l’on mobilise, tout cela fait du journaliste politique un activiste, qu’il en soit conscient ou non.
Et Son Excellence Éric Fournier a eu l’occasion, en trois ans de poste à Budapest, d’en faire une fois de plus l’expérience. Et quelle expérience ! Nommé en septembre 2015, alors que la Hongrie était en pleine lutte contre le chaos migratoire sur son sol, prenant des mesures historiques pour reprendre le contrôle de ses frontières, Éric Fournier a pu assister aux premières loges au déferlement de haine, aux manipulations écœurantes et aux attaques injustes contre la Hongrie de la part d’un appareil médiatique occidental quasi unanimement, pour des raisons idéologiques, opposé à la politique légitime et de bon sens du Premier ministre hongrois devant faire face à une vague migratoire sans précédent.
Un diplomate, et a fortiori un ambassadeur, est un représentant de son État. Il a pour rôle, en outre, d’acquérir une connaissance poussée et sérieuse, c’est-à-dire la plus objective possible, du pays où il réside pour sa mission. Il lui revient d’être en contact aussi bien avec le gouvernement du pays hôte qu’avec les responsables de l’opposition ainsi qu’avec les journalistes ou encore les universitaires et les artistes. En cela, la vision qu’aura un ambassadeur du pays où il représente son gouvernement, surtout au bout de quelques années, sera bien plus fine, honnête et équilibrée que celle d’un reporter venu trouver des éléments pour justifier une conclusion déjà écrite.
Convenons qu’il n’est pas du rôle d’un ambassadeur de s’exprimer contre son gouvernement et la politique de son régime. Mais son travail consiste justement à informer ou réinformer – souvent après les méfaits de la presse – son gouvernement sur la réalité de la situation, afin que ledit gouvernement puisse prendre des décisions sur des bases solides. Mais quelle raison a donc bien pu pousser alors le chevalier de la Légion d’honneur Éric Fournier à dénoncer la malhonnêteté des médias occidentaux vis-à-vis de la Hongrie ? Pourquoi Son Excellence a-t-elle écrit dans sa note que la politique migratoire de Viktor Orbán était raisonnable et responsable ?
A-t-il été corrompu ? Victime du syndrome de Stockholm ?
Ou bien tout simplement le pensait-il. Parce qu’après trois ans sur place, au contact de tous les acteurs politiques du pays, et lui-même témoin direct des manipulations de la presse, il a estimé que le gouvernement français devait avoir un avis éclairé sur la situation réelle et que, selon lui, le modèle hongrois était positif pour toute l’Europe, et donc la France également.
Il apparaît donc que la véritable question est celle de la fuite de cette note diplomatique, organisée par le journal d’extrême gauche et immigrationniste Mediapart. Sortie au moment d’un sommet européen sur l’immigration, opposant notamment Macron à Orbán, on voit jusqu’où la presse peut aller : descendre un fonctionnaire de l’État, faisant consciencieusement son travail, à des fins idéologiques. Éric Fournier ne s’y était pas trompé en dénonçant leurs abus et leurs forfaits, mais le contre-feu ne l’aura pas épargné.
Fernc Almassy – Boulevard Voltaire