Les nourritures terrestres devraient s’appeler Les pourritures terrestres!

https://www.youtube.com/watch?v=XgCtjDqKJ1U

Officiellement, la France commente et s’esbaudit devant la nouvelle photo présidentielle. Les experts en tout décryptent les symboles…

Les communicants du  Macronix Imperator  ont annoncé, haut et fort, qu’il a choisi avec soin chacun des objets: l’horloge, les deux téléphones et les trois livres. Une vidéo a d’ailleurs été tournée le montrant entrain de procéder à ce qui s’appelle en “art”  contemporain: une installation.

Avec Les Mémoires du général, l’on saisit immédiatement les motivations.

Le Rouge et le Noir de Stendhal ?

Un grand classique qui narre l’histoire de Julien Sorel,  trop sensible et surtout,  trop ambitieux, pour suivre l’humble carrière de son père dans la scierie d’une petite ville de province.
Il  nourrit une fascination pour Bonaparte et ses mémoires compilées dans Mémorial de Saint-Hélène de Las Cases, rêvant à une ascension similaire à celle de l’empereur. Julien trouve une place de précepteur dans la maison d’un maire, monsieur de Reynal, et a une liaison avec son épouse. Chassé lorsque cette idylle est découverte, il rentre au séminaire de Besançon.
Puis, il monte à Paris et devient le secrétaire du marquis de la Mole, dont il séduira la fille Mathilde, pour finir guillotiné après bien des péripéties.

Si Macron ne lui a pas préféré La chartreuse de Parme, c’est que cet ouvrage doit lui parler davantage et qu’il tenait à nous le faire savoir.

Le troisième livre turlupine beaucoup de gens mais étrangement, pas un seul journaliste n’en parle clairement, c’est: Les nourritures terrestres de Gide.

Dan un article de Causeur,  Alain Nueil, romancier, concluait: “Le choix des Nourritures terrestres ne surprend guère à une époque où la jouissance libre et absolue fait figure pour chacun de règle primordiale. Cette œuvre si sulfureuse à sa parution est parfaitement dans l’air de notre temps, on ne peut même plus s’en servir de drapeau pour la révolution permissive, on aurait vraiment trop l’air d’un mutin de Panurge. Mais Emmanuel Macron prend tout de même un risque. Ce livre a été écrit par Gide dans l’euphorie de son dépucelage homosexuel dans les bras d’un jeune Tunisien. Le risque n’est pas de passer pour gay, mais s’il s’avère qu’il l’est, de ne pas avoir osé son « coming out », devenu aujourd’hui pour toutes les célébrités une sorte de déclaration civique et obligatoire.”

Certes, l’on a pu lire de-ci de-là que Gide était l’un des auteurs préférés de Macron et cet ouvrage, celui auquel il serait très attaché depuis sa jeunesse. Peut-être?

Mais alors, sachant à quel point cet ouvrage et son auteur sont sulfureux, pour ne pas ternir son image et provoquer beaucoup de questions… pour l’accompagner sur son portrait officiel, publié sur les réseaux sociaux, exposé dans toutes les mairies de France, le président de la République en aurait choisi un autre.

Ce qui nous avait amené précédemment à conclure qu’en fait Macron n’avait pas lu ce livre et à nous y replonger, tant il a laissé de sales souvenirs à nombre d’entre nous.

En fait, plus personne ne pensait à ce bouquin et surtout à Gide, né en 1869 et décédé en 1951. Sauf des érudits ou des professionnels de la littérature, rares sont, parmi les quadragénaires ou plus jeunes encore, ceux qui savent que c’est un écrivain et plus rares encore sont ceux qui ont lu l’un de ses très nombreux ouvrages.

Pour ceux qui le connaissent bien, Gide est un écrivain égotique,  érotomane notoire (“jeux de caleçons” sic Gide), et surtout un pédéraste qui a fait l’éloge de cette pratique et de l’homosexualité dans la plupart de ses livres, dont  Les faux-monnayeurs, Corydon, Si le grain ne meurt…

Il mena une vie dépravée, allant régulièrement se divertir au Maghreb avec des petits garçons… A  quarante-huit ans,  il détourna le fils d’Elie, son ancien précepteur, un pasteur protestant, devenu son  ami, lequel  confia (???) à “l’oncle André” le soin d’épauler sa femme et de veiller sur cette famille de cinq enfants, alors qu’il était parti prêcher la bonne parole au Cameroun pendant plusieurs années. Ce pasteur connaissait Gide depuis qu’il avait seize ans, il n’en avait que quatre de plus….

Donc Gide initia le beau petit Marc, aux pratiques pédérastiques… Leur relation dura nombre d’années puis Marc découvrit les dames, en consomma beaucoup et il eut  le choix, puisqu’il devint le très célèbre cinéaste Marc Allegret, dont le frère Yves, lui aussi réalisateur, fut  premier époux de Simone Signoret.

Gide était un adepte de la pédérastie version Grèce antique: un amour entre un amant adulte pédagogue et un aimé adolescent, formé à la beauté de l’art  par son amant…

Si l’on ne peut contester à Gide, prix Nobel de littérature en 1947, un talent certain, être “Gidolâtre”, c’est toutefois  cautionner des meurs inacceptables et révoltantes, d’ailleurs et heureusement, désormais prohibées.

Dans Les nourritures terrestres, Gide prône l’éloignement de la famille, le dénuement, la liberté absolue et exalte le plaisir des sens. Il fut écrit après  trois ans de voyages, ayant savouré toutes  ces nourritures terrestres en Afrique, en Italie ou  dans le Sahel. Selon Gide, on ne voyage en fait que pour des raisons érotiques….

La dimension romanesque du livre se veut dans la thématique du voyage, avec des personnages emblématiques et surtout, dans la pratique  d’un hédonisme qui transgresse la morale, une  sensualité absolue qui cherche à s’affranchir des conventions sociales.

Il ne s’agit pas à proprement parler d’un roman, mais plutôt d’un long poème en prose.  Dans la  forme, Les Nourritures terrestres emprunte à divers genres. Il est fait de formes poétiques, ballades, rondes, de fragments de journal intime, de cahiers de bord, de notes vagabondes. La publication, originale de 1897  prenait de grandes libertés sur le plan de la typographie, allant même jusqu’à ressembler aux futurs vers modernistes et autres calligrammes en vogue au début du xxe siècle.

C’est à Jean Guéhenno (1890-1978), auteur, critique littéraire et académicien que nous laisserons la conclusion: « La jeunesse intellectuelle française devra guérir du gidisme pour retrouver le mouvement de l’histoire. Comprendra-t-elle qu’être jeune à la manière de Ménalque ou de Nathanaël, c’est être terriblement vieux ? Cette quête des plaisirs, cette jouissance minutieuse et appliquée suppose des rentes, un patrimoine, dénoncerait la fin d’une race. » (Journal des années noires, 5 janvier 1944, Gallimard, 1947)

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