Depuis leurs premières aventures en 1945, Bob et Bobette ont fait du chemin ! Et pourtant, pas sur tous les points… L’auteure flamande Dalilla Hermans accuse le dernier album des aventures des deux personnages de racisme, l’un des personnages étant représenté avec une bouche proéminente, digne de l’image de l’Africain dans les BD du milieu du XXe siècle.
Rien ne va plus pour Bob et Bobette ! Alors qu’après le décès de l’auteur d’origine, les éditions Standaard Uitgeverij et le collectif d’illustrateurs ayant repris la série semblaient vouloir donner une image plus moderne aux derniers albums, l’effet semble quelque peu raté, puisque les deux aventuriers créés par Willy Vandersteen doivent faire face à une accusation de racisme.
Et c’est l’auteure flamande Dalilla Hermans qui a mené la charge à l’encontre du dernier album de Bob et Bobette, Mami Wata, qu’elle estime donner « une représentation extrêmement raciste et stéréotypée de l’homme noir ». Et de fait, l’un des personnages, qui n’apparaît certes que furtivement dans l’histoire, paraît sortir d’une BD des années 50 tant sa représentation détonne avec notre époque.
« Je ne comprends pas que personne n’ait été choqué par l’image qui est donnée de l’homme noir, c’est une image très raciste », commente Dalilla Hermans. « Avec ces lèvres on dirait presque un singe. Cela me fait penser à l’expo ’58 et à notre passé colonial. J’ai été très longtemps une fan de Bob et Bobette. Je sais que dans les précédents albums il y a eu aussi des représentations racistes mais étant donné l’époque cela me dérangeait moins. Mais aujourd’hui nous sommes en 2017 et nous ne devons plus accepter cela. »
Et de lancer un hashtag sur Twitter : #nomoremonkeybusiness, pour encourager les illustrateurs de la toile à réviser la représentation de l’homme africain dans la bande dessinée.
L’éditeur a aussitôt présenté ses excuses à l’écrivaine : « Il n’a jamais été question de choquer qui que ce soit ni avec les textes ni avec le scénario », a déclaré Ruth Van Ammel de Standard Uitgeverij à Flandreinfo. Avant de se défendre : « Cependant cette réaction se base sur un seul dessin, d’un seul personnage qui n’est qu’un figurant dans l’album. Alors que de très nombreux autres personnages noirs sont représentés. Une bande dessinée est aussi basée sur des caricatures. »
Pas sûr que ces excuses soient acceptées si facilement, d’autant moins que sur le même dessin, l’image d’une femme aux seins nus a également provoqué l’agacement de certains lecteurs.
Si les éditeurs affirment donc prendre en compte la réaction de Dalilla Hermans, on ne sait pas encore si le dessin sera modifié en conséquence dans de futures éditions de Mami Wata. Ce 340e numéro est en tout cas prévu pour le 4 juillet chez nous.