Alors que la Grèce se débat actuellement avec sa dette, l’Histoire a retenu qu’au lendemain de la Seconde Guerre mondiale c’est l’Allemagne qui s’est vu accorder un allègement de sa dette par ses créanciers, dont la Grèce.
Nous sommes le 27 février 1953 à Londres. Deux ans de négociations sont sur le point d’aboutir. D’un côté l’Allemagne, ou plutôt la République fédérale allemande (RFA), qui ne supporte plus le poids de sa dette. De l’autre tous ses créanciers, majoritairement européens. Les Accords de Londres signés ce jour-là permettent à la RFA de diviser par deux sa dette d’avant et d’après-guerre, comme le raconte le journal suisse Le Temps. Parmi ces créanciers se trouvaient de grandes puissances comme la France ou les Etats-Unis, mais aussi des pays comme la Suisse ou… la Grèce ! Les rôles se sont donc inversés depuis.
30 milliards de DeutschMarks, c’est ce que doit l’Allemagne au début des années 1950 (soit un peu moins de 7 milliards d’euros actuels). Une partie de la dette provient des réparations financières exigées par le traité de Versailles (le fameux «diktat» qui fait porter à l’Allemagne toute la responsabilité de la Première Guerre mondiale et qu’Hitler aura vite fait de dénoncer. Le paiement de cette dette ne sera d’ailleurs jamais honoré). Le reste provient des emprunts contractés par l’Allemagne dans les années 1920 et des aides accordées par les Alliés en 1945 pour reconstruire le pays.
Si ces dettes ont été contractées par l’Allemagne, c’est bien la RFA qui se retrouve à négocier devant ses créanciers en 1953. Après la partition du pays en 1949, l’Allemagne de l’Ouest accepte de prendre à son compte l’ensemble de la dette en échange notamment d’une révision du statut d’occupation du jeune Etat.
A l’issue de la conférence de Londres, la dette allemande est ramenée à 14 milliards d’euros, réduite de moitié avec l’accord des créanciers, dont la Grèce. Même si l’événement n’a pas grand chose à voir avec la crise actuelle de la dette grecque, le côté ironique de la situation a été largement relevé.
Alors beaucoup de bruit (historique) pour rien ? Pas si sûr. Un autre contentieux a opposé la Grèce et l’Allemagne à l’issue de la Seconde Guerre mondiale : en 1946 l’Allemagne est condamnée à payer à la Grèce 7 milliards de dollars comme réparation pour l’occupation du pays. Un montant jamais payé mais que le premier ministre grec Alexis Tsipras continue aujourd’hui de réclamer à l’Allemagne, plus pour le côté symbolique que dans l’espoir d’une vraie réparation.