La mise en examen de Sarko vue d’ailleurs…

“Veuillez nous suivre, Monsieur”, titre la Süddeutsche Zeitung, qui emploie la formule que les policiers ont dû utiliser au matin du 1er juillet pour conduire l’ancien président dans les locaux de la police judiciaire. Le quotidien de Munich rapporte que, “pour les conservateurs, il n’y a que François Hollande qui puisse être derrière la garde à vue de Nicolas Sarkozy, leur idole soupçonnée de corruption”.

Entre la crise, la montée du Front national et l’opposition sans tête de file, “le contexte politique semblait idéal pour un retour de Nicolas Sarkozy”, note la SZ, qui rappelle les trois conditions que l’ancien président français avait lui même fixées pour son retour en politique après la défaite de 2012.

Aujourd’hui pourtant, à cause de scandales politiques accumulés, “le passé pourrait bien rattraper l’ancien monarque avant même que son rôle de ‘sauveur de la République’ ne débute”. Le quotidien ne manque pas de souligner que Marine Le Pen se frotte les mains : “On doit désormais la présenter comme une femme politique particulièrement chanceuse”, remarque la SZ. “Entre un parti au pouvoir qui déprime les Français et une opposition qui se perd dans ses scandales, la jeune chef de file de l’extrême droite peut compter sur ses adversaires politiques”, estime le quotidien allemand.

0207-une_ABCL’arroseur arrosé 

En Espagne, El Mundo estime que Nicolas Sarkozy est victime du syndrome de l’arroseur arrosé. Sous le titre “Le voyeur chassé”, le quotidien espagnol explique que, “en essayant de dissimuler un délit de financement illégal, l’ancien leader conservateur français en a commis un autre. D’après l’interrogatoire du juge, le voyeur a été surpris “en flagrant délit” d’utilisation de ses propres méthodes. On l’a écouté exactement comme lui-même le faisait grâce à son réseau d’espionnage fait sur mesure”.

Son confrère El País rappelle que cet épisode sans précédent dans l’histoire républicaine française combine des actes extrêmement graves, comme les pots-de-vin à un juge, avec d’autres plus cocasses, comme l’utilisation d’un portable avec un nom imaginaire. “Dans un pays de longue tradition républicaine, où les symboles ont une signification presque sacrée, l’image d’un ancien président interrogé dans un bureau comme un délinquant normal est simplement impardonnable. Sarkozy devra beaucoup lutter pour démonter les accusations portées contre lui. Et même s’il réussit à s’en sortir, cet épisode démolit ses aspirations politiques.”

Scandales et confusion

A Londres, le Financial Times estime que la mise en examen de Nicolas Sarkozy sonne le glas de son retour et indique qu’il est grand temps que la France ait les dirigeants qu’elle mérite. “Même en admettant qu’il puisse laver son nom de tous soupçons, M. Sarkozy n’est pas l’homme qu’il faut” à la France. “Sa présidence a été marquée par son hyperactivité et par son image vaniteuse, qui lui a valu son surnom de ‘président bling-bling’”, rappelle le FT. Le quotidien de Londres affirme que “la France a un besoin urgent de nouveaux dirigeants politiques qui, contrairement à M. Sarkozy, auront une vision nouvelle, courageuse et lavée du passé”.

Outre-Atlantique, c’est également l’état général du système politique français qui interpelle le New York Times. “Ces événements surviennent au moment où la gauche et la droite se débattent dans leurs problèmes, alors que le Front national n’en finit pas de célébrer sa victoire aux élections européennes du printemps dernier. Le gouvernement de M. Hollande est plombé par une économie apathique, des scissions idéologiques et un record d’impopularité pour le président de la République. Le parti conservateur de M. Sarkozy nage également en pleine confusion, perclus de scandales et orphelin d’un leader évident.”

0207_-ReppubliccaL’incontournable case justice

Même tonalité en Belgique, où Le Soir consacre son éditorial à “la descente aux enfers d’une République” : “Nicolas Sarkozy bénéficie de la présomption d’innocence. Et, à ce stade, rien de ce qui lui est reproché n’est établi. La justice suit son cours. Il n’empêche, l’image – un ex-président de la République en garde à vue – est terrible. Elle l’est d’autant plus qu’elle n’est pas juste un moment isolé. Au contraire, il y a là l’incarnation et l’aboutissement de la descente aux enfers d’une République, d’une classe politique, d’une éthique publique. Qu’il soit reconnu coupable ou innocent, l’idée même que le parcours d’un chef d’Etat passe par la case justice après des années d’affaires en dit long sur ce morceau d’histoire française”, assène le quotidien de Bruxelles.

Source

Related Articles