Pour ARTE, il y a le « bon antisémitisme » et le très pas bon!

 Habituée à diffuser en boucle des émissions dénonçant les crimes du nazisme ou encore le prétendu antisémitisme des mouvements nationaux fleurissant en Europe, la chaîne franco-allemande a pourtant refusé la projection de Un peuple élu et mis à part : l’antisémitisme en Europe, réalisé par Joachim Schroeder et Sophie Hafner. « L’erreur » de ces deux cinéastes allemands ? Avoir osé mettre en lumière la haine antijuive qui ne cesse de progresser dans la sphère arabo-musulmane et au sein de la gauche antisioniste.

Contraire à ligne éditoriale d’ARTE France

Il faut dire que, de façon assez significative, ce projet, défendu par le pôle allemand de la chaîne, s’était heurté d’emblée à l’opposition d’ARTE France, dont la présidente, Véronique Cayla, et le directeur des programmes, Alain Le Diberder, avaient indiqué qu’il n’était « pas en adéquation avec la ligne éditoriale de la chaîne sur la question de l’antisémitisme », limitée à la dénonciation du nazisme et de « l’extrême droite ». Il avait cependant été validé en avril 2015 par la conférence des programmes d’ARTE, à condition que ses auteurs acceptent comme coauteur Ahmad Mansour, un psychologue d’origine arabe israélienne, pour veiller à ce que soit minimisé l’antisémitisme des banlieues ethniques.

Or, comme il est toujours difficile de cacher ce qui saute aux yeux, ce documentaire a bien évidemment mis en lumière ce qu’il ne fallait surtout pas montrer. Résultat : en février 2017, Le Diberder refusait sa diffusion au prétexte que « le film achevé ne correspond pas sur des points essentiels au projet accepté par la conférence des programmes » et que « l’on ne voit pas la trace de la collaboration d’Ahmad Mansour, qui devait garantir l’équilibre et l’impartialité du projet ». Affirmation immédiatement démentie par l’intéressé, qui ajoutait même : « Ce film est remarquable. (…) Il révèle des réalités dérangeantes. (…) C’est pourquoi je (le) trouve important et nécessaire. »

Le CSA saisi

Un scandale, en tout cas, que le Bureau national de vigilance contre l’antisémitisme n’entend pas laisser passer. Condamnant « fermement la décision honteuse, indigne et discriminatoire de la chaîne », le BNVCA a en effet annoncé avoir saisi le CSA ainsi que les ministres compétents « afin de faire éclater la vérité et éclairer l’opinion sur la réalité des causes de l’antisémitisme ». Car, a-t-il ajouté fort justement, « en censurant ce reportage, ARTE s’emploie à mentir à l’opinion publique, en voulant minimiser, voire camoufler, l’antisémitisme d’origine musulmane incité par la haine d’Israël qui, depuis 17 ans déjà, pousse à l’acte antijuif le plus cruel ».

Franck Deletraz – Présent

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