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Mister Holmes, comme le nom l’indique, est un film construit autour de la figure du célèbre détective privé britannique. Il a été très souvent adapté au cinéma. Son personnage si reconnaissable en est parfois involontairement ridicule dans les vieilles adaptations des années 1930-40. L’action se déroulant ici en 1947, il n’est pas question ici des plus récentes, et l’iconoclasme est poussé très loin, ce qui est une bonne chose. Le film ne se donne pas du tout comme une adaptation des romans de Conan Doyle, mais prétend montrer le vrai Sherlock Holmes, dont le personnage, distinct de l’homme réel, aurait été forgé par les écrits de son ami le Docteur Watson.
Un Mister Holmes très âgé, perdant la mémoire, de retour d’un voyage au Japon – à l’évidence son dernier voyage – essaie de se souvenir de sa dernière grande enquête plus de deux décennies plus tôt. Il avait connu un échec douloureux, cause de sa retraite à la campagne. Pourquoi Mister Holmes a-t-il fini par se consacrer à l’apiculture ? Entre deux accidents liés au grand âge, il veut vraiment retrouver son histoire. Il essaie aussi de conserver la présence de sa gouvernante et de son fils, l’essentiel de sa société, avec son médecin. Un enfant, dont le père est mort quelques années plus tôt durant la Deuxième Guerre mondiale, se prend d’affection pour un père, ou plutôt un grand-père de substitution. Mister Holmes comprend une dimension de film familial consensuel, au charme suranné. On ne s’en plaindra pas, encore moins dans le cadre idyllique des plus beaux paysages de la côte anglaise.
Quant à l’intrigue policière oubliée, elle finira, fragment par fragment, par refaire surface. Il y avait en effet, à l’époque, un petit mystère à résoudre. Il a été question d’une belle femme, mariée mais très malheureuse, car ne pouvant pas avoir d’enfants, et développant un comportement aberrant ou suspect. Cette enquête posera une question morale : un gentleman peut-il mentir, s’il sent la chose nécessaire, pour sauver la vie d’une femme ? Le dilemme est cornélien, car, bien sûr, un véritable gentleman ne ment jamais. Le vieux Mister Holmes a-t-il bien agi jadis ? Ou bien agir peut-il avoir aussi des conséquences funestes ? Il y a là matière à réflexion, même si l’on ne partage pas forcément les conclusions, théoriques et pratiques, tirées par le personnage.