Ce n’est pas parce que je suis dans le même club que le pape François et que je joue dans l’équipe dont il est le coach incontesté, que je suis obligé de m’abstenir de critiquer ses choix stratégiques quand ils ne relèvent pas du dogme.
J’avais déjà « bronché », mais in pectore, en lisant dans l’encyclique Evangelii Gaudium : « Face aux épisodes (sic) de fondamentalisme violent qui nous inquiètent, l’affection (resic) envers les vrais croyants de l’islam doit nous porter à éviter d’odieuses généralisations, parce que le véritable islam et une adéquate interprétation du Coran s’opposent à toute violence (re-resic). » Pardon, Très Saint-Père, mais de tels souverains poncifs à l’égard de l’islam me donnent à penser que vous avez lu une version expurgée du Coran…
Lavement des pieds de musulmans le Jeudi saint. Accueil de réfugiés mahométans au Vatican. Communiqué papal souhaitant un bon ramadan aux musulmans. Mise en parallèle de la notion de conquête islamique et de celle de l’Evangile. Un pape gêné aux entournures, de son propre aveu, par l’évocation des racines chrétiennes de l’Europe. Etc. A force, ça fait beaucoup.
Surtout si on y ajoute la toute récente visite, au Vatican, du Grand imam de la mosquée d’Al-Azhar du Caire, Ahmed al-Tayeb, à l’occasion du Jubilé de la Miséricorde.
Parce que, pendant ce temps-là, les persécutions et les massacres de chrétiens se multiplient. Au Proche et au Moyen-Orient, bien sûr. Mais pas seulement.
Au Soudan, début janvier 2016, les lieux de cultes chrétiens ont été fermés par les très islamiques autorités soudanaises. Et deux pasteurs de l’Église évangélique du Sud-Soudan croupissent dans les geôles de Khartoum. Récemment, le président-satrape soudanais, Omar el-Béchir, s’étonnait de l’émoi provoqué par une vidéo où l’on voit des policiers fouettant une femme : « Si elle est fouettée conformément à la charia, il n’y aura aucune investigation. Pourquoi y a-t-il des gens qui ont honte ? C’est la charia. »
Plus près de nous, en Suède, des migrants chrétiens sont persécutés par des migrants musulmans dans les centres de réfugiés du sud-est du pays. Ils ont dû être transférés vers d’autres centres pour échapper à des menaces de mort. Non sans mal car le directeur du Conseil suédois des migrations regimbe à créer des refuges spécifiques : « Ce serait contraire aux principes et aux valeurs qui sont centraux dans la société suédoise et dans notre démocratie. » Suédois mais scandi-nave…
Rebelote en Allemagne où, dans des centres de réfugiés, des chrétiens, mais aussi des Yézidis, qui pensaient en avoir fini avec la haine islamiste, ont été menacés de mort pour avoir refusé de participer à une prière musulmane. L’organisation chrétienne Open Doors Deutschland (pourtant pas composée de grands courageux) demande – en vain jusqu’à présent – aux autorités allemandes de créer des centres spéciaux pour les chrétiens et les Yézidis.
Plus près de nous encore, à Paris, le centre d’hébergement d’urgence d’Emmaüs installé dans l’ancien lycée Jean-Quarré (19e arrondissement) doit faire face à la colère des migrants musulmans au motif que les repas qu’on leur sert ne sont pas garantis halal. Une responsable d’Emmaüs explique : « Ils veulent en plus de la viande halal et on ne peut pas leur en fournir. On essaie d’épicer les plats, mais ça ne convient pas toujours. »
En Tanzanie, au Nigeria, en Somalie, on ne compte plus les églises incendiées (et les massacres de catholiques et de protestants au Nigeria). Nous pourrions multiplier ainsi les exemples jusqu’à plus soif. D’où ma question : « où t’es pape, ah ! Où t’es » (comme dirait Stromae).
Alain Sanders – Présent