Paul Poiret est né à Paris le 8 avril 1879, dans une famille de marchands de draps. Au-delà du vêtement, Poiret peut-être considéré comme un véritable éclaireur de son époque. Après son bac, son père le fait travailler chez un fabricant de parapluies : il ne cessera plus jamais de déplorer, gaiment, l’incompréhension de ceux qui l’entourent car il se démontre fou de dessin et d’idées. Avec un petit mannequin offert par ses soeurs, il improvise quelques modèles qu’il coupe en utilisant les chutes de soie chipées à l’atelier des ombrelles. Nous sommes en 1898, premier centenaire de la Révolution française. Sur la rive gauche de la Seine s’élève un symbole de progrès, la Tour Eiffel. A Montmartre on ouvre le Moulin Rouge. Les médecins (pour des raison médicales) et les jeunes femmes demandent l’abolition du corset haut lacé baleiné. L’apparence de la femme élégante n’a guère évoluée.
Vers 1900 Paul Poiret commence à envisager la robe comme le moyen pour lui de concrétiser les désirs de changement de la jeune femme élégante qui est encore aux prises avec un carcan moral et son corset baleiné. Il commence à montrer ses croquis à Jacques Doucet qui, dans sa maison de couture laisse à quelques modélistes le soin de dessiner les toilettes. Poiret devient l’assistant de Doucet, mais seulement pour quatre ans. Après son service militaire le jeune Poiret entre chez Worth, la plus grande maison de l’époque où il va y parfaire sa connaissance du métier.
Après une formation chez Jacques Doucet puis dans la traditionnelle maison Worth (voir Worth, Charles Frédéric), il ouvre son propre salon de couture en 1903. Respectant d’abord les exigences du corset, il les abandonne en 1906, rejetant également les dentelles et les postiches qui alourdissent la silhouette, et adopte des coupes simples qui font scandale. Cette démarche le rapproche de l’Italien Mariano Fortuny et de ses robes fluides, et reflète son admiration pour Isadora Duncan et ses tuniques à la grecque.
Cette expérience ne durera que deux ans. En 1903 madame Poiret avance à son fils Paul cinquante mille francs qui lui permettent de s’établir à son compte. Au début de cette expérience il se borne à simplifier les lignes. Il se marie avec une jeune fille, Denise, sur laquelle il va tester ses premières innovations audaucieuses. Sa femme, qu lui donnera cinq enfants, va devenir bientôt l’une des reines de la mode nouvelle. Trois ans après l’ouverture de sa maison de mode, Poiret lance la ligne Directoire: dès lors la taille est placée sous la poitrine, la jupe tombe jusqu’aux chevilles. Il n’y a plus raison d’adopter le corset. Poiret encourage ses clientes à le supprimer [….]
La silhouette « Poiret » se définit d’abord par une taille haute et un retour du style néoclassique du Directoire. Ses robes sont sinueuses et ajustées, fendues sur le côté pour ne pas entraver la marche. En 1911, il ouvre l’atelier Martine, sorte d’école d’arts décoratifs, puis lance une ligne d’ameublement (mobilier, tissus, papiers). Proche des milieux artistiques, Poiret est le premier couturier à solliciter la collaboration de peintres : Raoul Dufy dessine ainsi des tissus et des modèles pour la maison de couture. La Première Guerre mondiale met fin aux activités de la maison Poiret.