Parmi tous les scandales en gestation mais dont on pressent déjà l’étendue et qui finiront tôt ou tard par éclater, il en est un dépassant beaucoup d’autres par sa gravité, parce qu’il touche aux institutions : c’est celui qui donne l’autorisation officielle aux immigrants illégaux de voter aux élections générales, celui qui reconnaît à un hors-la-loi le droit de donner son avis sur la conduite des affaires de l’Etat, celui qui fait d’un étranger un citoyen à part entière, au mépris de toutes les traditions remontant jusqu’à l’Antiquité. Ce scandale qui éclipse toutes les vendettas personnelles que les primaires drainent depuis des mois a pris naissance en Californie – ce laboratoire de l’Amérique pour le meilleur et souvent pour le pire. Il est en train d’y mûrir et produira tous ses effets dévastateurs lorsque cet Etat du Far West votera le 7 juin pour choisir lequel des trois républicains (Donald Trump, Ted Cruz ou John Kasich) sera opposé en novembre prochain à la démocrate Hillary Clinton.
Mansuétude subversive
Le père de ce scandale est le gouverneur démocrate Jerry Brown qui, l’an dernier, signa une loi permettant aux sans-papiers, ayant souvent franchi clandestinement la frontière la veille ou l’avant-veille, de décliner leur identité (vraie ou fausse) dans un bureau de vote et d’utiliser un bulletin pour toutes les consultations électorales. Car il ne s’agit pas seulement du renouvellement de conseillers municipaux ou, à la rigueur, du choix des députés ou des sénateurs locaux. Dans sa mansuétude toute subversive, le magistrat suprême d’un Etat qui ne recule devant aucune audace a tenu à accorder ce privilège dans sa totalité : les illégaux peuvent, en effet, faire entendre leur voix aussi bien lorsqu’un minuscule hameau a besoin d’un maire que lorsque la Maison Blanche réclame son locataire. Le scandale est d’autant plus spectaculaire qu’il va éclater en pleines primaires, à un moment où un Hispanique, Ted Cruz, se trouve parmi les concurrents.
Combien sont-ils, ces illégaux, en Californie ? Officiellement, près de trois millions. Mais il y a bien longtemps que plus aucun Californien ne prend au sérieux ce chiffre réservé aux documents administratifs et aux discours politiciens. Le chiffre qui correspond à la réalité établie après plusieurs recoupements se situerait entre huit et dix millions. La Californie croule depuis des années sous les charges (écoles, logements, hôpitaux, coupons alimentaires) imposées par ceux qui s’y infiltrent la nuit et qui, dans quelques semaines, pourront se sentir dans un isoloir à égalité avec ceux dont les ancêtres ont vécu la ruée vers l’or. Même si une fraction seulement de ces clandestins participent aux primaires, ils pourraient influencer les résultats d’autant que, dans certaines circonscriptions (celles de la Central Valley, notamment), les sondages montrent que Cruz et Trump sont épaule contre épaule.
Une campagne a l’air de se dessiner qui vise l’annulation pure et simple des primaires en Californie si les urnes sont remplies de bulletins illégaux. Or cet Etat se trouve être, de tout le pays, celui qui fournit le plus de voix du collège électoral à un candidat : 55, loin devant le Texas (34) et New York (31). C’est donc un défi lancé au gouverneur. Mais aussi à Washington. Il s’agit de savoir si le pouvoir gaucho-libéral aura le courage d’interdire l’application d’une loi scélérate qui le favorise.
Christian Daisug – Présent