Dans le petit village de la Millauderie, au nord des Deux-Sèvres, Gilles regarde Barberine avec douceur. Ils ont passé leur enfance ensemble et s’aiment. Ils ne peuvent se le dire pourtant : il est catholique, elle est protestante et aucune des deux familles n’accepteraient une telle union.
De plus, nous sommes en 1793 et la révolte commence à gronder dans les paroisses contre les patriotes, les « patauds », et leurs mauvaises lois : « Un mauvais coup, qui montrait bien d’où venait le mal, ce fut cette loi qu’ils firent pour obliger les curés à prêter serment. Prêter serment à qui ? Au diable ? ça par exemple ! Il se trouva des curés qui cédèrent tout de suite. Les vrais curés restèrent les maîtres. »
Il fallut les cacher. Les persécutions commencèrent, doublées du recrutement pour aller loin, là-bas, aux frontières. Quelles frontières ? Ce n’est pas leur pays et qui fera l’ouvrage ?
Pendant ce temps, Barberine s’est mariée, avec un pataud, dont les protestants sont plus proches. Alors Gilles doit épouser la jolie Marguerite, mais son cœur est ailleurs.
Et puis tout s’emballe, les cloches sonnent, le cri du chouan résonne dans toutes les campagnes. Les « Messieurs », ceux qui n’ont pas émigré, battent le rappel pour Dieu et pour chasser les bleus.
Gilles et son frère Cosme prennent leur fusil et rejoignent les hommes de Monsieur Lescure. La grande et tragique épopée commence.
Au cri du Chouan n’est pas le premier titre de ce livre. A l’origine, il y avait deux tomes : « Barberine des genêts » puis « Les Endiablés ». Les éditions ultérieures ont regroupé ces deux petits volumes en un seul.
Ernest Pérochon, fils d’instituteur protestant des Deux-Sèvres, a écrit là son meilleur livre. C’est pourtant avec Nêne qu’il obtint le Goncourt en 1920. C’est un joli roman qui campe un sujet peu traité, celui de la Petite Eglise, ces catholiques qui ont refusé le Concordat. Mais l’intrigue est un peu mince de mon point de vue.
Tandis que « Au cri du Chouan » dégage une force, un accent de tragédie épique, une émotion qui en font un très beau roman.
Pas de réédition récente, à rechercher d’occasion.