Italie : le viol comme arme de guerre (Vidéo)

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La Ciociaria est le nom de la région du Lazio (Latium) qui s’étend au sud de Rome. C’est aussi le titre d’un film franco-italien réalisé par Vittorio De Sica à partir d’un roman d’Alberto Moravia. L’action se passe en 1944. Cesira, une veuve, et Roseta, sa fille, fuient les bombardements. Les deux femmes épuisées entrent dans une église où des soldats en djelabbah les violent. En 1961, au Festival de Cannes, la bouleversante Sophia Loren reçut pour ce rôle un prix d’interprétation, mais la presse féminine française ne s’est guère interrogée sur la nationalité et l’origine ethnique des violeurs dont on sait seulement qu’ils appartiennent aux troupes alliées.

En dehors de ce film, on ignore à peu près tout de ce qu’ont vécu les populations de cette terre traversée par la ligne Gustav qui, de la mer Tyrrhénienne à l’Adriatique, coupait en deux l’Italie. Avec en son centre la ville de Cassino où, pendant des mois, Alliés, Allemands et fascistes de la République sociale se sont durement affrontés. Jusqu’à la bataille du Garigliano qui vit les hommes du Corps expéditionnaire français, dirigé par le futur maréchal Juin, percer les lignes ennemies et 12 000 goumiers dévaler des massifs.

Les livres d’histoire ont oublié ce qui s’est ensuivi mais, aujourd’hui encore, on emploie le terme de « marrochinate » (littéralement « maroquinades ») pour désigner les viols collectifs perpétrés par les goumiers. En 1948, 30 000 demandes de dédommagement ont été enregistrées, mais on ignore le nombre de viols subis par les femmes italiennes. Sans doute ne le saura-t-on jamais.

Toutefois leur caractère systématique ne fait aucun doute, estime Eliane Patriarca dans une enquête dérangeante qui s’inscrit en faux contre la vision politiquement correcte du film Indigènes. Le film de De Sica n’était ni une fiction ni un cas isolé. Comme en Allemagne, comme au Rwanda… par l’outrage sexuel, les « libérateurs » ont-ils voulu marteler la défaite et l’humiliation dans la chair des victimes ?

Henri Blaunac – Présent

  • Eliana Patriarca, Amère libération, 2017, Arthaud, 240 pages, 19,90 euros.

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