Récolté à Évran à l’automne dernier, le premier riz expérimental breton a sa couleur -le vert- comme l’espoir qu’il suscite. Il a été cuisiné et sublimé, samedi, au restaurant Le Patio, par le chef parisien Pierre Marchesseau, doublement étoilé au Guide Michelin, et Christophe Dabout, patron du restaurant L’Atelier, à Saint-Malo.
Pour leur composition de coquilles Saint-Jacques sur lit de riz vert croquant, alliant tantôt betterave tantôt fenouil, adoucis par une crème légère, les deux créateurs culinaires étaient assistés de Didier Jahier, cuisinier du Patio évrannais et Yannick Legoff, de la ferme bio des Aulnays. L’oeil attendri devant cette consécration de « sa » céréale, Alexandre Reis, l’inventeur passionné du riz breton était lui-même habillé de vert, comme pour donner le signe de départ d’une grande aventure : devenir producteur de semence attesté et prendre part à la création d’une école régionale du goût et du terroir.
Dans ce qu’il nomme sa « vie antérieure », Alexandre Reis était brodeur d’art pour la haute couture. Il est aujourd’hui animé par la même passion de l’artisanat, l’ardeur des initiateurs auxquels le succès sourit et l’opiniâtreté des entrepreneurs qui savent fédérer les compétences autour d’un projet séduisant. Il dit avoir « la tête dans les étoiles » et prévoit un avenir protéiforme à sa céréale, qu’il verrait bien s’appeler le riz de la Côte d’Émeraude, en hommage à sa teinte caractéristique. Mais, il lui faut à présent suivre un parcours d’homologation pour prétendre au titre de semencier, sans lequel il ne peut envisager la commercialisation de son riz. Son intention n’est pas une exploitation à grande échelle, mais bien une production artisanale, exclusive, assortie de circuits courts. Son pari est avant tout de s’insérer harmonieusement dans son environnement, en démontrant que l’homme et la nature peuvent s’adapter l’un à l’autre.