Qui a dit que les chrétiens d’Orient subissaient un « génocide culturel » ? Le pape François ? Mgr Sako, primat de l’Église chaldéenne d’Irak ? Non : Laurent Fabius, ministre français des Affaires étrangères, devant le Conseil de sécurité de l’ONU, qui s’est réuni ce vendredi 27 mars à l’initiative de la France. Enfin, serait-on tenté de dire…
Réveil tardif de la diplomatie française ?
Les chiffres de l’exode des chrétiens sont sans équivoque. En Irak, ils étaient 1,4 million en 1987 : il en reste environ 400 000 aujourd’hui. La prise de Mossoul, la grande ville du Nord irakien, par les partisans de l’organisation État islamique, en juin 2014, a provoqué à elle seule la fuite de 50 000 personnes. En Syrie, 700 000 chrétiens auraient fui le pays lors de ces quatre dernières année : ils étaient auparavant 1,1 million. En Israël et Palestine, ils ne représentent que 2% de la population contre 10% en 1948.
Cet exode n’est pas limité aux seules dernières années : au début du XXe siècle, un sujet de l’Empire Ottoman sur trois était chrétien ! Difficile à concevoir lorsque l’on constate que dans l’actuelle Turquie, ils sont de nos jours moins de 100 000. La France, protectrice des chrétiens d’Orient depuis Louis IX, s’honore en tentant de mobiliser l’Organisation des Nations Unies, mais pour quel résultat ?
L’État islamique, une nouvelle menace
Or, le temps presse. La dernière calamité qui s’est abattue sur les chrétiens, l’autoproclamé État islamique, ne fait pas mystère du destin qu’elle réserve aux fidèles du Christ. Impôt discriminatoire pour commencer, puis la conversion ou la mort. Le projet totalitaire de ce pseudo-califat a été résumé par Laurent Fabius vendredi 27 mars devant l’ONU : « On cherche à détruire les minorités physiquement. Daesh est tellement enragé qu’il veut même détruire l’Histoire. Ils détruisent des monuments. Leur idée, elle est terrible, effrayante : ils ne veulent pas qu’il y ait eu d’Histoire avec un grand H avant eux et en dehors d’eux. Et donc tout ce qui n’est pas soumis à eux doit être détruit ». Une question demeure : une fois dit cela, que fait-on concrètement ?