Avant, on aurait appelé cela un assassinat, mais aujourd’hui, pour la commission chargée de superviser la légalité des très nombreuses euthanasies pratiquées aux Pays-Bas, il s’agit d’une « euthanasie réalisée à l’encontre de la volonté de la patiente ». Si la commission hollandaise de contrôle des euthanasies transmet, pour la première fois en 16 ans, un dossier à la justice pour violation de la loi par un médecin, elle demande de ne pas condamner ce dernier pour homicide. Le rapport publié par cette commission ne divulgue pas le nom de la vieille dame assassinée et du médecin tueur, et l’on sait seulement que la victime avait plus de 80 ans et qu’elle souffrait de la maladie d’Alzheimer. On sait aussi qu’elle avait été placée dans une maison de soins contre son gré par un mari qui n’arrivait plus à s’occuper d’elle et qu’elle se plaignait du matin au soir de sa situation, ce qui a conduit un médecin de la maison de soins à considérer que la souffrance de la pauvre dame était devenue insupportable et qu’il fallait donc la tuer.
Infliger une mort « digne »
Le médecin n’a rien dit à la patiente de son projet, pour ne pas lui causer un stress supplémentaire, et il est passé à l’acte au bout de sept semaines de séjour dans l’établissement de l’octogénaire qui avait pourtant, selon les témoins, affirmé de manière répétée ne pas vouloir mourir. La sachant opposée à cette mort « digne » qu’il voulait lui infliger, le médecin lui a versé un sédatif dans son café, puis lui a appliqué une seconde dose pour l’endormir, en présence de proches. La croyant endormie, il a commencé les trois injections de sa procédure habituelle d’euthanasie, mais la dame a réagi en tentant de se défendre. Le docteur a alors demandé aux parents de la patiente de la tenir et a achevé de la zigouiller.
Jacob Kohnstamm, le porte-parole de la commission de contrôle, considère que le docteur a agi de bonne foi et a expliqué que le renvoi du dossier devant la justice ce mois de janvier vise non pas à punir le docteur, mais à faire clarifier par la justice les pouvoirs des médecins face aux personnes souffrant de démence sénile.
Officiellement, il y a eu plus de 5 500 euthanasies aux Pays-Bas en 2015, un chiffre en hausse rapide qui ne tient pas compte des nombreux cas de sédation terminale. Aujourd’hui, le gouvernement néerlandais voudrait même faire voter une loi autorisant le suicide assisté pour toutes les personnes de plus de 75 ans !
Olivier Bault – Présent