Après deux ans de travaux dont le coût est estimé à environ 16 millions d’euros, le musée atelier départemental du verre de Sars-Poteries a rouvert ses portes le 1er octobre dernier. En plus d’un nouveau nom marketing à la résonance discutable, le « MusVerre », les lieux ont été profondément rénovés. Découverte.
1 000 m2 d’espace d’exposition sur deux niveaux, une façade en pierre, des pièces « à thème », une présentation moderne, sobre mais élégante : si l’argent dépensé par la région pour la rénovation du Musverre peut faire grincer quelques dents, l’ouvrage est de qualité et rien n’a été laissé au hasard. A l’image du Louvre Lens, le géant voisin du Pas-de-Calais, la lumière naturelle que laissent passer les grandes baies vitrées viennent apporter une touche de merveilleux supplémentaire aux pièces exposées, un joli spectacle par beau temps, ce qui arrive parfois aussi dans le Nord.
On entame la visite par un peu d’histoire, avec une salle regroupant lampes à huile, objets décoratifs ou encore ornements religieux en verre réalisés dans la région. Si Sars-Poteries accueille le MusVerre, c’est en effet parce que la commune est au centre du travail du verre depuis plus de 200 ans, grâce notamment à son sous-sol argileux. La première verrerie de Sars-Poteries vit le jour en 1802, avant que la famille Imbert fasse décoller l’activité au point d’employer près de 800 ouvriers spécialisés dans le flaconnage et la gobeleterie. Notons que les objets exposés dans cette première salle se regroupent derrière la dénomination de « bousillés », il s’agit en effet de fabrications personnelles des ouvriers faites durant leur temps libre, ils laissaient alors courir leur imagination.
La crise frappa cependant l’industrie du verre, la direction mit donc la clé sous la porte en 1937 avant que l’abbé Louis Mériaux relance la machine en 1967 avec une exposition de « bousillés ». Cela marque les débuts du musée de Sars Poteries, qui connut de nombreuses évolutions depuis.
L’activité de Sars-Poteries a évolué avec son temps vers l’art contemporain, qui constitue le plus gros des œuvres présentées, pour le meilleur et pour le pire. Une œuvre profonde et délicate comme la « Robe assise avec effet de draperie » de Karen LaMonte peut en côtoyer une autre, hideuse et sans âme, comme « Les Têtes » de Giampaolo Amoruso.
Si chacun peut y trouver des pièces à son goût, le MusVerre est recommandé aux amateurs et aux connaisseurs, les novices risquent en effet d’en faire le tour un peu rapidement sans en saisir toutes les subtilités. Les amoureux de la région y trouveront aussi leur compte et auront accès à l’héritage culturel de l’Avesnois.
Le MusVerre serait plus vivant avec des démonstrations de soufflage d’artistes verriers : il n’y en a, hélas ! qu’à certaines occasions.
Cette visite vaut le coup d’œil, même si les ambitions affichées de 50 000 visiteurs par an et les moyens débloqués semblent un peu irréalistes. A 20 kilomètres de Maubeuge, 100 de Lille et 120 de Bruxelles, Sars Poteries est isolé et difficile d’accès, prévoyez donc un circuit touristique régional plus large lorsque vous vous y rendrez.
MusVerre. 76, rue du général De Gaulle, Sars-Poteries (Nord). Tél : 03 59 73 16 16.
Alexandre Rivet – Présent