Le coup de gueule d’Alain Sanders / Révisionnisme : une lecture dhimmie de la bataille de Poitiers !

 La une du numéro 16 de la revue Guerres et Histoire (qui est en cheville avec Science et Vie) annonce : « Dossier : l’Empire arabe, une conquête sans djihad (632-750 ». Sans djihad ? Tu parles Charles (et même : Charles Martel car nous allons en reparler)…

Le directeur de la rédaction de Guerres et Histoire, Jean Lopez (qui termine son texte par un incongru « Inoxydablement vôtre »), indique que l’élaboration de ce dossier relève de « la vocation démystificatrice » de la revue. Soit. Reste qu’à un tel degré de démystification, on flirte (et plus car affinités) avec le révisionnisme.

Faute de place, je vous fais grâce des différentes entrées de ce dossier : elles mériteraient quasiment toutes qu’on leur rentre dans le chou : « De l’Indus aux Pyrénées en un siècle », « Le djihad, une explication trop facile », « Des armées portées par la conquête », etc. Contentons-nous de nous arrêter au clou du spectacle : le coup d’arrêt aux envahisseurs musulmans en 732 revisité sous le titre : « Poitiers, invasion ou raid ? »

Le texte, signé d’un certain Pierre Grumberg, est ainsi chapeauté : « On sait peu de chose de la “bataille de Poitiers” en 732, dont le lieu et même la date font débat ! Ce qui est sûr, en revanche, c’est que la réalité est fort éloignée du mythe élaboré et récupéré ensuite au service de bien des propagandes. »

Et hop ! passez muscade, circulez y’a rien à voir et, en tout cas, pas ce que des générations d’historiens solides, s’appuyant sur des sources nombreuses, étudiées, analysées, recoupées, ont cru devoir nous apprendre… En gros : on ne sait pas où ça s’est passé, ni même si ça s’est vraiment passé, sinon que si ça s’est passé « l’envahisseur dans l’affaire, c’est Charles (Martel) qui met la main sur l’Aquitaine », et puis si ça a eu lieu ce n’était pas une invasion, mais une razzia, et puis les chroniqueurs carolingiens et ensuite ceux des rois de France au XIIIe siècle ont instrumentalisé l’événement « pour légitimer les ambitions royales de la famille de Charles, puis glorifier le roi champion de la chrétienté » (horresco referens, bien sûr) et puis… Et puis halte au feu !

On se demande même si cet article n’a pas été pondu ad usum Lorànt Deutsch qui, d’entrée de jeu est pris bille en tête. Avec un extrait de ce qu’il écrit de la bataille de Poitiers dans son livre, Hexagone (Michel Lafon).

On a eu l’occasion de l’écrire : le précédent ouvrage de Lorànt Deutsch, Métronome, s’est vendu à plus de deux millions d’exemplaires. D’où la haine recuite d’une poignée d’historiens (ainsi officiellement labellisés) dont les livres ont connu des ventes confidentielles, voire lilliputiennes. Ces gens, politiquement très à gauche (si ce n’est à la gauche de la gauche), ne digèrent pas qu’un amateur (soupçonné d’être royaliste de surcroît) sache trouver, lui, le cœur et l’intelligence de centaines et de centaines de milliers de Français.

Dans Hexagone, il y a un chapitre qui reste particulièrement en travers de la glotte de cette camarilla : « Le Croissant et la Croix ». Le chapitre qui traite de la bataille de Poitiers et qui ne cache pas que cette victoire nous a préservés de la nuit musulmane qui durera des siècles en Espagne.

« Je n’invente rien, répond sereinement Lorànt Deutsch, et je n’apporte aucune nouveauté. Il s’agit d’un travail emprunté aux grands historiens. » Oui : aux grands historiens. Et pas aux nains révisionnistes.

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