En 1629, le Batavia, navire affrété par la Compagnie néerlandaise des Indes orientales, s’abîme au large de l’Australie. Les quelque deux cent cinquante rescapés ayant rejoint les îlots rocailleux alentour sont alors victimes d’un immense massacre orchestré par l’intendant Jeronymus Cornelisz, qui chaque jour s’enfonce davantage dans la violence, la cruauté et l’abjection. Face à lui – les mains tachées du sang des innocents qu’il a exterminés durant sa carrière de soldat -, un certain Weybbe Hayes prend la tête de la résistance et sauve de la mort une poignée de naufragés. De cet épisode sanguinaire, Marc Biancarelli s’empare pour donner vie, corps et âme à des hommes contaminés par le Mal, qui corrompt ceux qui le touchent du doigt en un cercle vicieux dont ils ne peuvent s’extraire. Peinture d’une époque, Massacre des Innocents s’impose comme un roman total, à la fois épique et shakespearien, dont la puissante dramaturgie se soutient de scènes d’un lyrisme et d’une poésie qui travaillent la matière même de l’horreur. Face à l’extrême, quand devenons-nous des résistants, et, à l’inverse, qu’est-ce qui fait de nous des êtres déchus ?