Downsizing signifie en anglais l’action de réduire la taille. Dans ce conte, superficiellement classable aussi en science-fiction –mais le sujet improbable invite quand même à considérer qu’il s’agit plutôt d’un conte-, les humains peuvent être réduits à une taille de quelques centimètres. Les hommes réduits par vingt réduiraient leur empreinte écologique par vingt aussi. Ce serait le rêve réalisé par des scientifiques scandinaves. Se faire réduire –downsizing- serait sauver la planète. Aux Etats-Unis, des publicités présentent cet acte volontaire et définitif comme un geste essentiel pour la planète, et une bonne affaire ; dans une économie largement dématérialisée, on ne perdrait rien de ses capacités à des tailles réduites, tandis que les besoins physiques ou d’espace seraient très réduits. Des Américains de classe moyenne inférieure pourraient quitter leur pavillon pour vivre dans un petit palais, du format d’une grande maison de poupée. Un couple, au centre du film, enfin surtout monsieur (interprété par l’acteur vedette Matt Damon) qui finira tout seul, se laissera tenter.
Ce conte comporte, de manière inattendue, des aspects très intéressants, dont une satire, prudente, mais présente de l’écologisme ambiant. Son aspect de discours religieux est bien rendu ; en Scandinavie, il a complètement remplacé le luthérianisme, tout en recyclant des accents de prêcheurs sûrs de détenir les vérités définitives et absolues, et débordant de bonne conscience satisfaite. Ce discours comporte aussi un aspect catastrophique, apocalyptique, qui reprend, sans s’en douter consciemment, là encore, des accents de secte protestante particulièrement exaltée. Au lieu d’adorer Dieu, ce néopaganisme adore la Nature divinisée, et se veut libertaire dans son approche de la famille et de la société.
Toutefois, le film comporte aussi des passages nettement moins intéressants, et beaucoup plus attendus. Les microsociétés d’Américains réduits reproduiraient toutes les tares des Etats-Unis des « grands », et ce du point de vue de l’aile gauche du parti démocrate… Les immigrés seraient scandaleusement exploités ; les pauvres resteraient pauvres en fait, et très mal soignés. On déplorera aussi la vulgarité de certains dialogues. Aussi est-il clair que ce conte ne s’adresse surtout pas aux enfants. Tout n’est toutefois pas mauvais même dans ces propos plus convenus ; aussi est-il rappelé que le Vietnam est une dictature communiste. Les pauvres ne sont guère contents de leur sort, mais travaillent, avec énergie. Le réalisateur se permet quelques irrévérences : un des personnages les plus lucides et paradoxalement sympathiques est le trafiquant d’alcool et de tabac (interprété par un méchant habituel d’Hollywood, Christoph Waltz), produits oubliés dans la construction de l’utopie scandinave-modèle de miniaturisation humaine…
Downsizing, un peu long par ailleurs, mélange donc des passages excellents, en début et fin de film surtout, et d’autres beaucoup moins bons. Il en résulte l’impression de n’avoir vu qu’un brouillon confus de ce qui aurait pu être un grand film dans son genre, et c’est dommage.