Bobards et démographie!

Depuis quelques jours, il semblerait presque que la France ait remporté une nouvelle Coupe du Monde de football. Ainsi, pas un journal, local ou national, qui ne se félicite de la hausse de la population, dans sa commune, dans son département, dans sa région ou en France, ou qui a contrario, s’inquiète d’une baisse de la population. Mais pourquoi donc cette obsession démographique ?

« Population, l’hémorragie stoppée à Morlaix ? » s’interroge un quotidien régional, comme si le fait de perdre des habitants constituait une menace vitale.

Pour quasiment tous les analystes et les commentateurs en France, une baisse de la démographie serait ainsi synonyme de déclin potentiel. A chaque fois d’ailleurs, c’est l’exemple du Japon – dont la population ne cesse de vieillir tandis que la jeunesse peine à se reproduire aujourd’hui – qui revient sur la table.

Et toujours ces commentaires sur une Europe vieillissante – commentaires qui étrangement se joignent toujours à d’autres analyses présentées comme sérieuses et évoquant la nécessité d’accélérer l’immigration pour pallier à ce vieillissement. Un cas d’école en matière de guerre d’influence et de désinformation.

Il faut d’abord rappeler que le Japon reste la quatrième puissance économique mondiale, tandis que le Libéria, qui connait la plus forte croissance démographique dans le monde, est aussi l’un des pays les plus pauvres . En France c’est Mayotte – dont beaucoup remettent en cause la légitimité à faire partie de la France – qui connait la plus forte croissance démographique, largement liée à l’immigration sur l’île.

Pour se maintenir à une telle puissance, le Japon a trouvé une solution : la robotisation (qui sert à la fois au pays du soleil levant tandis que le savoir faire se vend et s’exporte ensuite). Avec la robotisation, pas besoin d’immigration – le Japon s’y refuse car il a bien compris la menace que représente l’immigration de peuplement pour l’âme d’un peuple.

Par ailleurs, d’autres pays, pour au moins stabiliser ou « relancer » (mais qu’est ce que cela veut vraiment dire ?) leur démographie, proposent des politiques natalistes. C’est le cas de la Hongrie, où des aides sont allouées pour l’achat d’un logement familial. Mais aussi de l’Allemagne, avec une forme de salaire parental. Il donne aux parents d’un bébé la possibilité d’interrompre leur activité professionnelle pendant quatorze mois, tout en étant indemnisés à 67 % de leur salaire net (1 800 euros mensuels au maximum). La Suède, la Croatie, le Canada, l’Italie ont également mis en place – avec plus ou moins de succès – des politiques incitatives.

Mais au delà de ces politiques, c’est la question de la hausse de la population en elle même qui se pose. Au Moyen-Age aussi, la population de l’Europe a connu plus d’un siècle et demi de déclin démographique(avec l’épidémie de Peste Noire notamment, mais pas que) la population passant de 69 millions à 40 millions entre 1300 et 1450. Et pourtant, les Européens sont toujours là aujourd’hui, malgré cette disparition de 30% de la population. Concrètement, c’est comme si l’Union Européenne passait de 511 millions d’habitants aujourd’hui à 358 millions d’habitants en 2167. Toute la population de l’Allemagne et de la France aurait disparu, et pourtant, l’Europe refleurirait quelques siècles plus tard.

La vérité est donc ailleurs. Et notamment peut être dans cette volonté d’imposer l’immigration à l’Europe (il n’y a personne aujourd’hui pour se féliciter de la démographie galopante dans certains pays pauvres d’Afrique). « Union Européenne : l’immigration compense le déficit démographique » titrait il y a un an et demi, en pleine crise migratoire, un quotidien national. La ficelle est grosse.  Mais le « nous avons besoin d’immigration pour compenser le vieillissement », semble un virus déjà intégré dans les logiciels du cerveau européen.

Et cela alors même qu’une Europe à la démographie mesurée – et compensée par la robotisation – montrerait l’exemple à une planète qui a des limites, y compris pour la reproduction humaine.

Ces limites numériques de la population mondiale ne sont-elles pas déjà atteintes ? C’est la question que se posait Alan Weisman dans son livre « compte à rebours ». C’est la question que se posent des scientifiques. C’est aussi le sujet de nombreux livres et films de Science-Fiction.

Dans tous les cas, la démographie sera la clé du monde de demain. Il ne s’agirait pas de la donner à des apprentis sorciers …

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