Le Bouquin des méchancetés de François Xavier Testu

Le Bouquin des méchancetés de François Xavier Testu est l’une des bonnes surprises éditoriales de cette fin d’année. Il fait fureur en librairie.

«En entrant dans le néant, il a dû se senti chez lui», a dit Clemenceau à la mort de Félix Faure. Il ne fut pas le seul à écorner ce président bien malmené par ses contemporains. On en rit encore. Féroces mais surtout bougrement intelligents ou cocasses, les traits d’esprit qui figurent dans l’épais volume du Bouquin des méchancetés (Collection Bouquins chez Robert Laffont) semblent ravir le public. Ce livre est en effet entré dans la liste des meilleures ventes la semaine de Noël et poursuit son petit bonhomme de chemin puisqu’il s’en serait déjà écoulé 30.000 exemplaires.
L’auteur, François Xavier Testu, avocat et professeur de droit à l’université François-Rabelais de Tours, féru d’épigrammes, bons mots et ponts-neufs (les chansons satiriques que les bateleurs chantaient devant le pont éponyme et un public réjoui), souhaitait depuis longtemps réunir dans un ouvrage les méchancetés les plus drôles dites à l’encontre d’autrui. C’est fait. Il ne se contente pas de les énumérer mais les place chaque fois dans le contexte et l’époque. On en conclut que certaines sociétés et périodes furent plus vaches que d’autres, les cercles littéraires des XVI et XVIIe, les salons et la cour des Lumières, les milieux politiques de la IIIe république, l’Angleterre post-victorienne et Hollywood entre deux guerre.

En voici quelques morceaux choisis:
«Allez y à jeun, Winston, personne ne vous reconnaîtra»: Nancy Astor, première femme élue à la chambre des communes, à Churchill qui se demandait quel déguisement porter pour un bal masqué.
«Que voulez-vous, tout le monde ne peut pas se déguiser en soldat inconnu»: Churchill à de Gaulle qui s’étonnait pendant la guerre de le voir arborer un nœud papillon à pois, une chemise à carreaux et un costume à rayures.

«Quand je pète c’est lui qui pue»: Clemenceau au sujet de George Mandel, son directeur de cabinet.
«M. Ampère n’a qu’un moyen d’être Tacite, c’est de se taire»: Barbey d’Aurévilly au sujet de Ampère qui se voulait historien.
«Madame, elle n’est ni fille, ni repentie»: Bautru à la Reine au sujet de Ninon de Lenclos qu’Anne d’Autriche voulait faire entrer dans l’ordre des Filles repenties.
«Son espérance a déçu la nôtre, sa foi ne déplacera jamais les montagnes et sa charité n’enrichira personne»: Hector Berlioz au sujet de la cantate de Rossini intitulée L’espérance, la foi, la charité.
«Celui-là il faut lui marcher dessus: d’abord il ne comprend que ça et en plus il paraît que ça porte bonheur»: Jacques Chirac au sujet de Nicolas Sarkozy.
«Elle devrait faire parler son lit. Ce serait tellement plus amusant»: Tristan Bernard au sujet de Sarah Bernhardt dont on découvrait la passion pour faire tourner les tables.
«J’admire qu’il soit si lourd en étant si plat»: Anatole France au sujet d’Emile Zola.
«Ses oreilles lui donnent l’air d’un taxi aux portes ouvertes»: Howard Hughes sur Clark Gable.
«C’est de la prose où les vers se sont mis»: Rivarol au sujet des poèmes de François de Neufchâteau
«Commencez par signer, que je sache dans quel sens ça se regarde»: Rodin au jeune Picasso venu présenter une de ses toiles au maître.

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