C’est dans Libération, qui est devenu le bulletin paroissial de l’Église dédiée à Saint-Crétin. Les chiffres sont là. Implacables. Libération perd des lecteurs. Il lui faut en trouver d’autres car Patrick Drahi, son propriétaire, est près de ses sous. Donc le journal de Laurent Joffrin cherche un lectorat tout nouveau, tout frais dans les banlieues peuplées d’hommes et de femmes racisé.e.s. Une tâche prométhéenne et vouée à l’échec, car dans les banlieues, on se shoote avec Al Jazeera…
Comme il n’est pas nécessaire d’espérer pour entreprendre, Libération a publié, il y a deux jours, une tribune pour prendre la défense d’Houria Bouteldja, du Parti des indigènes de la République. La malheureuse est accusée de détester les Juifs et de ne pas aimer les « Français de souche ». Faux, s’indignent les signataires du texte ! Houria Bouteldja appartient à une mouvance où on est enclin à aimer les Juifs. Mais plutôt quand ils sont en tenue rayée. Houria Bouteldja aime aussi, toujours selon eux, les « Français de souche » : c’est sans doute pourquoi – mais ils omettent de l’indiquer – elle les qualifie de « souchiens ».
Dans le même esprit, et s’adressant toujours aux éventuels lecteurs à conquérir, Libération vient de publier un article au titre éloquent : « La non-mixité, étape sur le chemin de l’égalité ». L’auteur, Julien Talpin, est « chercheur de première classe au CNRS ». Comme le titre l’indique, l’article est consacré aux « ateliers décoloniaux » que la fachosphère décrit comme interdits aux Blancs.
Or, d’après M. Talpin, la fachosphère n’a rien compris ou (sa mauvaise foi est immense) fait semblant de ne pas comprendre. À l’entrée des ateliers, « il n’y a pas de trieurs ». Nous, dans notre grande méchanceté, on croyait qu’il y avait des trieurs vociférant « pour toi sale Blanc, c’est par ici, pour toi sale Noir, c’est par là »…
Ces ateliers, explique-t-il, s’organisent sur la base du volontariat. Eux-mêmes, les Blancs, se regroupent naturellement entre eux. De la même manière, Noirs et Arabes se réunissent ensemble. S’arrêter là, selon monsieur Talpin, c’est rester à la surface des choses. En effet, la race n’est pas une question de couleur mais « d’expérience sociale ». La puissance de son raisonnement n’échappera à personne. M. Talpin est chercheur de première classe. Le grade le plus bas dans les échelons du CNRS. Son « expérience sociale » (la race ?) lui interdit donc, à lui et à ses semblables, de se réunir avec les chargés de recherche de 2eclasse, et surtout avec les directeurs de recherche de première, de deuxième classe et ceux de « classe exceptionnelle ». Et c’est comme ça qu’il vit heureux dans sa non-mixité. À l’heure qu’il est, nous ne sommes pas en mesure de confirmer s’il y a, ou non, au CNRS des bureaux réservés aux chercheurs arabes et noirs.
*Si, si, il est bien chercheur au CNRS
Benoit Rayski – Boulevard Voltaire