Le client est un drame iranien contemporain. Un couple d’acteurs, qui joue des pièces d’avant-garde américaines des années 1950 traduites en farsi et légèrement coupées par la censure, est obligé de déménager suite à l’effondrement de son immeuble. Dans l’urgence, il accepte la proposition du metteur en scène de s’installer dans l’appartement qu’il possède et dont la locataire vient de partir. Toutefois, peu de temps après l’installation, alors que son mari est sorti, l’épouse est victime d’une agression violente. Elle est sauvée par les voisins, attirés par ses cris. Physiquement, elle se remet assez vite, mais demeure psychologiquement ébranlée.
Le couple doit-il porter plainte ? En Iran, personne n’apprécie de voir la police pénétrer dans son intimité, chose inévitable pour toute enquête sérieuse. En outre, la femme risque d’être ennuyée : croyant au retour de son mari, elle avait ouvert sans méfiance la porte ; en République Islamique d’Iran, cette imprudence, facilement compréhensible pourtant, pourrait être considérée comme hautement suspecte et lui causer beaucoup d’ennuis, sans arrêter le coupable. Aussi le mari décide-t-il de mener sa propre enquête. Font figures de suspects les nombreux visiteurs masculins réguliers de la locataire précédente, d’où le titre, Le client. Si la prostitution n’existe pas officiellement en Iran, République Islamique qui se veut un modèle de moralité pour le monde entier, la réalité est effectivement différente…Le propos est de dénoncer l’hypocrisie générale de la société iranienne. Pourquoi pas ? Parfois le film intéresse, avec les portraits des nombreux protagonistes, dans le monde du théâtre, de l’enseignement – le mari, pour vivre, est aussi professeur de littérature en lycée -, des entreprises artisanales. De même, le voisinage, spontanément sympathique, aimable, accueillant, qui contraste heureusement avec l’environnement parisien, peut aussi être un vecteur de contrôle social assez strict, facilement étouffant.
Par contre, l’enquête personnelle du mari traîne. Le manque de rythme du film ennuie franchement le public le mieux disposé. Enfin, la conclusion, interminable, sera hautement irréaliste, développant un symbolisme lourd et absurde. On comprend les ambitions du film, mais elles sont trop élevées et nuisent à la crédibilité du client.