Airbnb vient de lancer une campagne contre toutes les discriminations ! Un bidule que les communicants de ce site ont appelé « l’engagement de la communauté ». Et, effectivement, les membres de cette gigantesque communauté qui propose, à travers le monde, plus de 1.500.000 biens à louer ont reçu un courriel d’avertissement. Ils sont informés qu’à partir du 1er novembre, ils vont être appelés à signer un nouveau contrat, sous peine d’être exclus de la communauté.
Cet engagement fait suite à une initiative que la jeune société avait prise en début d’année afin de lutter contre les préjugés et les discriminations. Les millions d’utilisateurs se voient donc privés de tout droit sur la protection de leurs biens immobiliers. Si vous voulez louer votre appartement, vous vous engagez selon les termes du courriel, à traiter chacun avec respect, sans jugement ou préjugé, et sans distinction de race, religion, origine nationale, ethnicité, handicap, sexe, identité de genre, orientation sexuelle ou âge.
Autrement dit, si un ado musulman vous demande de louer votre studio, disons pendant la période du ramadan où l’on sait qu’il ne sera pas d’une absolue discrétion nocturne, vous vous engagez à lui louer votre bien. Aucun refus ne sera accepté de votre part.
Si vous ne signez pas cet engagement anti-discriminatoire dès la première demande de location, allez, ouste, dehors, Airbnb vous expulse à jamais du site : “Si vous choisissez de le refuser, vous ne pourrez plus héberger ou réserver sur Airbnb, et vous aurez la possibilité d’annuler votre compte. Lorsqu’un compte est annulé, les voyages déjà réservés sont également annulés et les réservations sont impossibles ; cependant, vous pouvez continuer à consulter les annonces Airbnb.”
Voilà comment le politiquement correct impose sa loi à travers un site soi-disant totalement indépendant de toute idéologie. Refuser de louer votre studio à l’ado cité plus haut est donc discriminatoire, peu importe les nuisances et l’illégalité de louer à un mineur.
Mais Airbnb fonctionnait déjà sur ce principe de la location quasi automatique. Et il compte développer les annonces « Instant Book », qui ne nécessitent pas de validation par le loueur. Dans ce cas, la question de la discrimination ne se pose même pas. Donc, à quoi bon une charte ?
En fait, que vous soyez raciste ou cathophobe, quand vous louez votre bien sur Airbnb, vous mettez votre racisme ou votre cathophobie entre parenthèses. Et cet anonymat ou cette neutralité bienveillante sont, d’ailleurs, la marque de fabrique des plates-formes d’économie collaborative. Les millions d’utilisateurs l’ont compris et n’avaient pas besoin de cette charte superflue.
Certes, il paraît qu’il y a eu des cas de discrimination. Une étude de Harvard aurait montré qu’on avait plus de chances de louer un bien avec un nom européen qu’africain. Et un couple homosexuel s’est vu refuser le logement loué par une Californienne. Vu l’attractivité et les revenus engendrés par le site, il est évident que ces cas sont très minoritaires !
En fait, cette charte n’est qu’un nouveau coup de com’. La plate-forme avait besoin de redorer son blason car elle était, ces derniers temps, montrée du doigt pour ses bénéfices, sa façon d’échapper à l’impôt, et de permettre à de très gros loueurs de réaliser de très gros bénéfices échappant totalement à l’impôt. Que penser, en effet, de ces gros loueurs d’appartements parisiens très anonymes, exclusivement dédiés à la location Airbnb et peut-être achetés pour blanchir d’autres revenus ? Les vraies brebis galeuses d’Airbnb ne sont pas celles que l’on voudrait nous montrer…
Ce n’est pas un hasard si, au même moment, nos députés se sont timidement saisis de la question : au-delà de 23.000 euros, Bercy vous considérera comme un professionnel de la location et vos revenus locatifs seront imposables au titre de l’impôt sur le revenu et des cotisations sociales. N’est-ce pas normal ?
Quant à vous, petit propriétaire, il vous restera les petites annonces de vos journaux préférés si vous souhaitez toujours louer votre bien à quelqu’un de confiance pour arrondir vos fins de mois difficiles. Sans oublier de le déclarer, puisque ce petit revenu d’appoint n’est heureusement pas imposé. Pour l’instant !