1’35 !!! L’état Islamique se prévaut et revendique l’attentat contre l’avion russe qui s’est écrasé dans le Sinaï. David Thomson, journaliste français, spécialiste de l’Etat islamique a posté un tweet précisant: “Il s’agit d’une revendication officielle de l’EI qui, jusqu’à maintenant, n’a jamais diffusé de fausse revendication.”
Ce que corrobore cet article du Parisien: “Un communiqué crédible et authentique, confirme Yves Trotignon, ex-agent de la DGSE, analyste pour Risk&co. Le canal de diffusion est habituel, de même que le timing de la revendication. » Le groupe Etat islamique aurait-il pu s’attribuer la paternité d’un drame dont il n’était pas à l’origine ? Possible, mais difficile à croire. « Il en va de sa crédibilité, abonde le politologue Mathieu Guidère. S’il était avéré que Daech a fait une fausse revendication, il perdrait son crédit, notamment vis-à-vis des combattants. »
Quel type d’attentat ?
Les experts sont unanimes : abattre un avion volant à 9 000 m d’altitude n’est pas à la portée de la première organisation terroriste venue. « Seule une armée est capable d’une telle action », prévient Yves Trotignon. Reste que depuis un an et demi Daech attaque régulièrement des convois militaires et des dépôts de l’armée égyptienne pour équiper ses propres combattants. Suffisant pour détruire un Airbus en plein vol ? D’aucuns évoquent un éventuel « effet d’aubaine », l’avion étant détruit à un plus faible niveau de vol, après avoir connu une avarie technique. « Irréaliste ! juge Yves Trotignon. Les terroristes ne passent pas leurs journées à attendre qu’un avion tombe en panne. » Le même renvoie à une lecture du communiqué de Daech : « ils ne disent pas qu’ils l’ont abattu, mais qu’ils l’ont détruit… On peut alors imaginer un explosif embarqué, voire un sabotage. » Un scénario que valide aussi Mathieu Guidère : « L’Etat islamique est très implanté dans le Sinaï, il a infiltré la quasi-totalité des infrastructures et des établissements. Il est donc tout à fait possible qu’un combattant ait saboté l’appareil à l’aéroport avant qu’il ne décolle, ou placé quelque chose pour qu’il explose en plein vol. »
Province du Sinaï, une filiale de Daech de plus en plus active
La liste est déjà longue des exactions revendiquées par le groupe Etat islamique dans la région du Sinaï : des dizaines d’attentats contre les forces de sécurité depuis 2014, mais également des attaques au Caire comme celle contre le consulat italien en juillet dernier ou l’enlèvement puis l’assassinat cet été d’un ingénieur croate employé d’une filiale d’une compagnie française.
Le groupe Ansar Beit al-Maqdis (NDLR : les Partisans de Jérusalem) voit le jour au lendemain de la révolution de 2011, qui chasse le président Moubarak du pouvoir. Le groupe est fondé par des anciens de l’Afghanistan avec pour objectif de frapper Israël. Dans cette région du Sinaï déshéritée où les forces de sécurité ont été longtemps absentes conformément aux accords de paix israélo-égyptiens de 1979, la population est livrée à elle-même. Il n’y a pas de développement et le chômage est endémique. Le groupe recrute d’autant plus facilement auprès d’une jeunesse défavorisée dans cette région de tribus bédouines dénigrée par les autorités.
1 000 à 1 500 combattants
A la suite du coup d’Etat militaire de juillet 2013 qui débouche sur une chasse aux sorcières contre les Frères musulmans et autres partisans d’un islam radical, Ansar Beit al-Maqdis monte en puissance. Le groupe multiplie ses attaques contre l’Etat. Des jeunes recrues reviennent de Syrie et d’Irak pour épauler l’organisation, qui s’est transformée depuis en véritable guérilla, multipliant les actions spectaculaires contre les forces de sécurité. En octobre 2014, les autorités déclarent l’état d’urgence dans le Nord-Sinaï et l’armée est autorisée à y conduire de violentes opérations, qui n’épargnent pas les civils.
Un mois plus tard, Ansar Beit al-Maqdis fait allégeance à Daech et devient le groupe Province du Sinaï, c’est-à-dire la filiale de l’EI en Egypte. Ses combattants seraient 1 000 à 1 500, avec un objectif clair : contrôler tout le Sinaï pour en faire une tête de pont contre l’Egypte et l’Etat hébreu. Ils disposent d’un armement sophistiqué, provenant notamment des anciens dépôts de l’armée libyenne.”