The Party (Bande-annonce)

The Party, soit La fête en français, est un chef d’œuvre d’humour noir britannique, vraiment très noir. C’est donc un exercice très particulier, qui ne pourra certes pas plaire à tous. Après s’être simplement comporté bizarrement, un sexagénaire, qui vient d’apprendre qu’il est condamné à brève échéance par un cancer généralisé, décide finalement d’annoncer à son cercle d’amis la triste nouvelle durant la fête. Ces amis étaient venus célébrer la promotion de sa femme comme ministre de la santé du cabinet fantôme travailliste. Le contre-gouvernement est une très ancienne tradition anglaise ; mais c’est déjà une demi-plaisanterie que de féliciter madame le ministre de sa nomination, alors même que le caractère spectral n’est précisé qu’en cours de route.
 
The Party ose se livrer à une satire féroce du milieu des bourgeois, voire grands bourgeois, de la gauche britannique, fervents supporters du parti travailliste, y compris et surtout dans sa nouvelle phase néo-socialisante actuelle sous Jeremy Corbyn. Beaucoup de grands critiques cinématographiques parisiens ont probablement pu se sentir visés aussi ; donc ils ont généralement déconseillé le film, selon nous bien à tort. Le sabotage, probablement parfaitement volontaire, de la fête par le mari malade, donne de fil en aiguille l’occasion d’un grand déballage. Ce qui est intéressant n’est pas ce qui relève du marivaudage, des tromperies des uns et des autres, mais des dénonciations, en toute connaissance de cause, des hypocrisies et des impostures systématiques de ce milieu. Ainsi, le cancéreux n’a pas suivi la procédure, longue, complexe, de l’assurance sociale générale publique britannique ; il s’est rendu immédiatement chez un cancérologue du secteur libéral, évidemment très coûteux, mais compétent et efficace – du moins dans le diagnostic, et le délai de réponse ; lorsque les plus militants de ces amis le lui reprochent, il ne se gène pour dire ce qu’il en pense…
 

The Party, une satire très réussie

 
Ainsi, on s’en doutait évidemment, les chaires universitaires de « gender studies » constituent une imposture intellectuelle totale et servent à caser des militants pas forcément très compétents, pour le moins, dans le domaine universitaire… Les croyances sont aussi questionnées, avec un mouvement de balancement entre deux positions extrêmes et antagonistes : une fois le Christianisme totalement rejeté, ce qui, très significativement, fait l’unanimité ou presque, faut-il professer un athéisme strict, matérialiste et intransigeant, ou adhérer à des philosophies spiritualistes de développement personnel ? L’athée, à la veille de sa mort, avoue trouver brusquement ses convictions peu réconfortantes,. Mais se voir conseiller d’harmoniser ses chakras afin de bien préparer son existence future le laisse pour le moins sceptique…
 
Pour un public adulte averti, The Party s’avère à la fois constamment drôle et intéressant par sa dimension satirique essentielle et très réussie.
 

Lu sur RITV

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