La revanche du stylo sur le clavier!

Lorsque nous prenons des notes avec un crayon ou un stylo lors d’un cours ou d’une conférence, nous retenons plus de choses que si nous notons à l’aide d’un smartphone, d’une tablette ou d’un ordinateur. Les gestes exécutés par la main sont plus complexes que ceux de la frappe au clavier. L’engagement du cerveau serait différent, et permettrait un meilleur accès aux concepts.

De plus en plus, les tablettes, claviers et smartphones prennent la place du stylo et du calepin pour prendre des notes, que ce soit en cours, en réunion professionnelle ou lors de conférences. Au point qu’aux Etats-Unis, 45 états sur 50 ont abandonné l’apprentissage de l’écriture manuscrite pour engager les enfants sur la voie du tout numérique.

Ce choix pourrait bien être le mauvais. Nous pourrions avoir sous-estimé la puissance de la main et de ses connexions avec la pensée. Récemment, des travaux de recherche menés à l’Université de Princeton ont montré que des personnes prenant des notes avec un crayon lors d’une conférence gardaient un meilleur souvenir de la présentation que des personnes ayant pris leurs notes à l’aide d’un clavier.

Dans cette expériences, les participants devaient écouter une mini-conférence sur un sujet donné (par exemple, la vie et la mort des civilisations) puis répondre à des questions posées par un examinateur qui testait ce qu’ils avaient retenu. L’examinateur testait deux choses   le nombre de données factuelles retenues par les auditeurs (À quel siècle est apparue la civilisation de l’Indus ?) et le nombre de données conceptuelles qu’ils avaient mémorisées (Comment Grecs et Phéniciens se distinguaient-ils dans leur vision du monde ?).

Les concepts mieux activés

Pour la mémorisation de données factuelles, le stylo et le clavier arrivaient à égalité. En revanche, pour le nombre de données conceptuelles, le stylo livrait de bien meilleurs résultats. Les participants ayant pris leurs notes à la main arrivaient à extraire l’essentiel de ce qu’ils avaient entendu, à mettre en relation plusieurs contenus de la présentation et à en tirer de grandes lignes.

Les raisons de cet avantage sont essentielles : à cause de la plus grande rapidité de prise de notes offerte par le clavier, les auditeurs ont tendance à tout noter, y compris de façon littérale en rapportant les propos exacts de l’orateur. Ce faisant, ils placent chaque information sur un pied d’égalité alors que les presonnes prenant des notes à la main sont obligées d’établir une hiérarchie dans les faits et de ne retenir que le plus important. Un travail de conceptualisation est automatiquement réalisé et le résultat est plus structuré.

La main, outil optimal ?

Réfléchissons bien avant de sacrifier l’usage de la main à un outil technologique qui pourrait bien s’avérer à double tranchant. D’autres études ont d’ores et déjà révélé que la qualité des textes produits par des élèves de CE2 munis de stylos est supérieure au niveau conceptuel à celle des textes produits par les mêmes élèves avec des claviers. A cela s’ajoute un étonnant pouvoir de la main de réduire les problèmes de dyslexie, et ce pour une raison à la fois simple et étonnante : pour le cerveau, toutes les touches d’un clavier se ressemblent, alors que le geste réalisé par les muscles de la main pour exécuter différentes lettres cursives sont programmés par des schémas moteurs entièrement distincts dans le cerveau… Une leçon de neurosciences et de pédagogie à méditer.

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