C’est une très grande pauvreté qui conduit les époux Goretti et leurs six enfants à s’installer en 1899 dans une ferme, au bord de la Méditerranée, près de Nettuno en Italie. Dans la même maison, d’autres locataires sont également installés, les Serenelli, dont le fils Alexandre a déjà des regards troubles. La terre est inculte à Nettuno, c’est une région de marais et il faut défricher, travailler dur pour nourrir toute la famille. Maria est l’aînée.
Maria Goretti – dite Marietta – est née le 16 octobre 1890 à Corinaldo, dans la région des Marches italiennes dont la capitale est le port d’Ancône sur la Mer Adriatique d’une famille pieuse et très pauvre. En 1899, le lopin de terre que sa famille cultive ne suffisant plus à les nourrir, les Goretti sont contraints de déménager à Le Ferriere di Conca dans le diocèse d’Albano au sud de Rome (Italie). La famille vit dans un minuscule logement qu’elle partage avec Giovanelli Serenelli, un veuf qui a un fils de 17 ans, Alessandro.
Peu de temps après, Maria, âgée de neuf ans, perd son père, emporté par la malaria. Étant l’aînée, c’est elle qui doit s’occuper de ses frères et sœurs, de la cuisine, du ménage… D’ailleurs, sa mère Assunta et son frère Angelo (neuf ans) travaillent aux champs toute la journée. Le propriétaire, abusant de l’Illettrisme des villageois, leur a fait signer à tous un contrat d’embauche qui les désavantage. La mère de Marietta, veuve avec trois enfants à charge, n’a pu faire autrement que d’accepter. Très sérieuse et extrêmement pieuse, Marietta est préparée à sa première communion par les pères passionnistes de Nettuno. La pauvreté de la famille est connue par leur entourage mais les gens du village se cotisent pour offrir à Marietta sa robe de première communion.
À l’âge de onze ans, Maria Goretti est déjà jolie. Précoce, elle fait aussi plus que son âge, d’où son surnom de « petite femme ». Le jeune Alessandro Serenelli, vingt ans, profitant du fait qu’elle est souvent seule, se met à la poursuivre de ses assiduités. La jeune fille, n’osant en parler à sa mère, se réfugie dans la prière, son seul recours, tout en prenant garde à ne jamais rester seule avec le jeune homme.
Cependant, le 5 juillet 1902, vers quinze heures, alors qu’elle reprise une chemise sur le palier de l’escalier, seule avec sa petite sœur Teresa qui fait la sieste sur une couverture, le reste de la famille étant non loin de là occupé à broyer le grain, Alessandro arrive et entraîne de force la jeune fille, à l’intérieur, dans la grande cuisine. Cette dernière se débat en s’exclamant : « Alessandro, Dieu ne veut pas ces choses là ! Si tu fais cela tu iras en enfer ! ». Vexé et fou de rage de ne pas parvenir à vaincre la résistance de Marietta, le jeune homme saisit un poinçon de vingt-sept centimètres de long et la frappe à quatorze reprises. Alertée par le chahut, les voisins inteviennent. Marietta est transportée à l’hôpital Orsenigo de Nettuno où elle meurt le lendemain, après avoir reçu la Communion pour la dernière fois.
Avant de lui donner la Sainte hostie, le prêtre lui demande si elle pardonne à son agresseur. Elle répond : « Oui, pour l’amour de Jésus, je pardonne. Je veux qu’il vienne lui aussi avec moi au Paradis. Que Dieu lui pardonne, car moi, je lui ai déjà pardonné ». Elle meurt le 6 juillet 1902 à quinze heures quarante-cinq.
Alessandro Serenelli fut condamné à une peine de trente ans de prison. Après huit années d’incarcération, une nuit de 1910, il rêva que Maria lui offrait des lys qui se transformaient en lumières scintillantes. Ce rêve lui fit réaliser le mal qu’il avait fait et il se repentit. Il fut libéré en 1929, après vingt-sept années de détention.
Dans la nuit de Noël 1934, il alla jusqu’à Corinaldo, où était retournée la mère de Marietta, Assunta Goretti, qui à cette époque était au service du curé, et la supplia de lui pardonner. Elle accepta en disant : « Dieu vous a pardonné, ma Marietta vous a pardonné, moi aussi je vous pardonne. » Tous deux assistèrent à la messe ensemble le lendemain, recevant la Sainte Communion, l’un à côté de l’autre, sous le regard très étonné des paroissiens.
C’est ensemble également qu’ils assistèrent le 27 avril 1947 aux cérémonies de la béatification et à celles de la canonisation de Marietta le 24 juin 1950, par le Pape Pie XII comme sainte martyre pour avoir défendu sa pureté jusqu’à la mort.
Dans son allocution, le Saint-Père déclara : « Elle est le fruit mûr d’une famille où l’on a prié tous les jours, où les enfants furent élevés dans la crainte du Seigneur, l’obéissance aux parents, la sincérité et la pudeur, où ils furent habitués à se contenter de peu, toujours disposés à aider aux travaux des champs et à la maison, où les conditions naturelles de vie et l’atmosphère religieuse qui les entouraient les aidaient puissamment à s’unir à Dieu et à croître en vertu. Elle n’était ni ignorante, ni insensible, ni froide, mais elle avait la force d’âme des vierges et des martyrs, cette force d’âme qui est à la fois la protection et le fruit de la virginité. »
Alessandro Serenelli, devenu membre du Tiers-Ordre franciscain, travaillait depuis 1936 en tant que jardinier du Couvent des Pères Capucins d’Ascoli Piceno. Il mourut au Couvent de Macerata, le 6 mai 1970, à l’âge de 87 ans, après avoir rédigé un testament des plus édifiants.