Najat-la-menteuse!

À l’entendre (lors de sa conférence de presse) et à la lire, tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles. L’École a été refondée, l’échec scolaire va être vaincu, et les rares inquiets vis-à-vis de la politique menée vont progressivement être convaincus. La réalité, héla, est quelque peu différente. Car, à moins d’un an des présidentielles, le bilan de Najat Vallaud-Belkacem n’est pas brillant. D’ailleurs 21% des enseignants seulement sont en accord avec les choix politiques faits, d’après le baromètre UNSA de 2016 (syndicat pourtant très favorable aux réformes entreprises). Que s’est-il donc passé?

La plus grande part de la communication a été faite autour des fameux 60 000 postes crées. Vous pensiez que cela voulait dire 60 000 professeurs en plus devant les élèves? Que nenni! Entre le rétablissement d’une formation initiale (qui était nécessaire, mais a été fait n’importe comment), les postes non pourvus aux concours, les autres catégories de personnels incluses elles aussi dans le chiffre, on peine à y voir clair.(…)

Fer de lance de la politique ministérielle, la fameuse réforme du collège et celle, conjointe, des programmes, vire au casse-tête. Des programmes sur des cycles de 3 ans alors que l’on a les élèves qu’une seule année en face de soi. La suppression de tout ce qui dépassait (le latin et le grec parvenant encore à survivre, mais avec des horaires atrophiés). De l’accompagnement personnalisé en classe entière et sur les heures de cours (cette blague!). Des projets obligatoires parfaitement bureaucratiques, à articuler avec les programmes sus-nommés, on ne sait trop comment. Moins de français en sixième pour les élèves en difficulté, alors que les études même du ministère montrent que la maîtrise de la langue à l’entrée au collège se dégrade depuis plus de 20 ans. (…)

On n’oubliera pas quelques traits de génie supplémentaires. La «priorité au primaire», qui s’est évanouie dans la nature. La suppression intégrale du redoublement, sans rien mettre en place pour aider les élèves perdus. Le refus de faire un bilan objectif de la réforme du lycée précédente — et pour cause, vu qu’elle ressemble à s’y méprendre à une certaine réforme du collège… Il ne faudrait pas non plus trop faire savoir à quel point ce que le ministère met en place ne fonctionne pas. (…)

Mais s’il n’y avait qu’une seule chose à retenir du passage de la ministre rue de Grenelle, c’est la communication. Qu’on soit bien d’accord: ce n’est Najat Vallaud-Belkacem qui «fait» les réformes, mais la technostructure. La ministre rend quelques arbitrages, mais l’essentiel est produit par d’inamovibles hauts fonctionnaires. En revanche, la ministre communique. Beaucoup. Et ment. Beaucoup. Elle invente des heures de français supplémentaire au primaire, qui correspondent en fait aux heures de cours des autres matières. Elle fait croire que 70% des collégiens vont faire du latin, alors qu’elle a porté un coup terrible à cet enseignement, qualitativement et quantitativement. Elle laisse penser que les langues vivantes, notamment l’allemand, sortent renforcés de la suppression d’environ 40% des classes bilangues et de 100% des sections européennes. Et ça n’en finit pas. Au fond, c’est probablement autant pour sa communication que pour ses réformes que la ministre suscite un tel rejet.

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