Enfumer l’opinion, truquer les chiffres, gaspiller l’argent… Les derniers exploits de la maire Hidalgo!

 

La tribune de Serge Federbusch pour FigaroVox sur l’incroyable enfumage sur le projet de fermeture de la voie Georges Pompidou. Depuis qu’en 2001 une coalition de socialistes, de Verts et d’écologistes s’est emparée de la mairie de Paris, magot magnifique, la politique de « lutte contre l’automobile » est devenue comme un marqueur idéologique, un identifiant. Elle s’est accentuée à proportion des échecs de la mairie dans de nombreux domaines : endettement, fiscalité, sécurité, propreté, opérations d’aménagement et d’urbanisme ratées comme aux Halles ou aux Batignolles, gadgets tenant lieu de politique culturelle, recul de Paris dans les classements internationaux, etc.

En bref, moins Anne Hidalgo obtient de résultats, plus elle accentue la chasse à la voiture pour se donner des airs de modernité écologique et masquer ses ratés. Mais il lui faut pour cela mentir de plus en plus.

De ce point de vue, son dernier projet de fermeture de la voie expresse Rive droite à la circulation automobile, voulu comme une apothéose, sera la goutte d’eau qui fera déborder le vase. De manière rarissime, la Commission d’enquête publique réunie pour donner un avis sur le sujet s’est prononcée de manière défavorable. Il faut vraiment qu’on soit en présence d’une supercherie évidente pour qu’un tel rejet soit formulé !

Car tout est truqué dans ce dossier.

D’abord, comme l’a relevé la Commission, le périmètre de l’enquête était manipulé. La mairie a proclamé son souhait « de faire bénéficier au plus grand nombre un espace de promenade ». Si l’on suit cette logique, il fallait donc étudier les effets de la mesure là où s’effectuent les reports de trafic et tenir compte de ses conséquences pour les 43 000 usagers qui empruntent aujourd’hui la voie sur berge.

Or, le report du trafic se fera nécessairement sur des arrondissements non inclus dans le périmètre de l’enquête, en particulier sur le sixième arrondissement avec un fort report sur le boulevard Saint-Germain. Les bobos du coin sont prévenus ! Par ailleurs, la mairie s’est refusée à dire quoi que ce soit sur la nature, l’origine et la destination du trafic sur la voie Georges Pompidou et donc de répondre aux objections des élus du Val-de-Marne et des Hauts-de-Seine ainsi que de la métropole pour qui la fermeture de la voie sur berge ne concerne pas que Paris et ne peut être prise sans une concertation s’étendant aux communes périphériques.

Ensuite, les conséquences réelles sur la circulation et la pollution ont été sciemment escamotées par la mairie d’Hidalgo. Ainsi, dans l’étude d’impact que la mairie a fournie, il est fait état de conséquences sur les conditions de circulation (allongement des temps de parcours, réduction de la vitesse moyenne…) « modérées et transitoires en raison d’un phénomène « d’évaporation » du trafic du simple fait de la fermeture de l’axe de circulation ». Mais c’est de la pensée magique ! Rien ne lui permet d’affirmer que cette « évaporation » aura lieu.

L’ «autorité environnementale» chargée d’examiner le projet a ainsi noté que : «les résultats de la modélisation macroscopique présentés uniquement en accroissement des charges de trafic sur quelques axes, ne sont pas suffisants. » Cela n’a pas empêché Hidalgo de rejeter les demandes d’études complémentaires faites lors de séances du Conseil de Paris.

En matière de pollution, contre laquelle ce projet est censé lutter, la manipulation devient consternante. En effet, pour apprécier les conséquences sur la qualité de l’air, la mairie les a étudiées sur une bande d’une largeur de … 100 mètres !!!

D’un côté il y a la Seine, elle ne prend donc pas de risques. Et, de l’autre, Hidalgo et ses services ont considéré que seul un quart des véhicules interdits de voie expresse se reportera sur le quai haut. Les autres ne sont pas donc étudiés puisqu’ils sont supposés ne pas utiliser le quai haut mais d’autres axes, sans qu’on sache d’ailleurs lesquels. Les trois quarts de la circulation chassée de la voie expresse ne sont ainsi pas pris en compte dans le bilan présenté au bon peuple en matière de pollution. Et Hidalgo ose parler d’impératif de santé publique … Le mépris des Parisiens atteint un degré rare.

Relevons que sur ce sujet la Commission d’enquête a levé un autre beau lièvre : « les résultats de l’impact avancés par la Ville montrant une amélioration de la qualité de l’air ont été faites … selon une méthodologie basée sur une vitesse moyenne de 50 km/h. Or, si cette vitesse moyenne de 50 km/h paraissait une hypothèse acceptable pour le trafic circulant sur la voie sur berge, il n’en est pas de même pour le trafic qui circulera sur le quai haut, trafic qui comme cela résulte de l’étude d’impact même, se trouvera, après la réalisation du projet, ralenti (vitesse après projet entre la place de la Concorde et le pont d’Austerlitz : 16 km/h) et connaitra un temps de parcours plus long. Or l’on sait que les émissions polluantes des automobiles à la vitesse de 20 km/h sont deux fois supérieures à celles émises à la vitesse de 50 km/h. »

Bref, la prise en compte sincère de ce seul facteur doublerait déjà les émissions polluantes mentionnées par Hidalgo et sa bande.

Autre escamotage volontaire de la mairie : les effets cumulés d’autres opérations devant prochainement être réalisées comme les créations envisagées de circulations en site propre sur le quai haut pour les cyclistes, qui réduiront encore l’espace pour les automobilistes et augmenteront la pollution. Hidalgo n’a pas non plus voulu les évaluer ! C’est une manie …

En réalité, on est en présence d’une action démagogique et punitive qui fait fi de toute réflexion réelle sur un plan de circulation. La meilleure preuve en est l’indigence absolue de la réflexion sur l’accompagnement du projet par une amélioration de l’offre de transport alternative.

Il n’est en effet prévu en tout et pour tout qu’un prolongement de la ligne de bus 72 en direction de la Gare de Lyon après qu’elle ait bénéficié d’aménagements et ce à échéance non déterminée, au mieux en 2017 ! En langage fleuri, on appellerait cela du « foutage de gueule ».

Enfin, sur le prétendu intérêt économique du projet, on est dans le dérisoire. La mairie utilise ad nauseam l’argument de l’amélioration de l’attractivité de la capitale qui selon elle se trouverait accrue par la piétonisation. Comme si cela déterminait l’implantation d’une entreprise à Paris … La Commission d’enquête a fort justement évoqué une étude de l’Atelier parisien d’urbanisme qui rappelle que : « A Paris, 80,2 % des déplacements en automobile ont un motif professionnel, dont 54 % pour aller au travail et 46 % pour l’exercice même d’une activité. »

Cruellement, la Commission relève aussi que : « s’agissant de l’exploitation commerciale de locaux (permise par le projet), ils sont au nombre de cinq d’une surface entre 50 et 100 m² à l’exception de l’un deux qui offrirait une surface exploitable de 200 à 400 m². Compte tenu de leur surface et de leur configuration (faible surface des ouvertures et vitrines), des perspectives de fréquentation faible du public en semaine en dehors de la période estivale, ces activités n’auront vraisemblablement qu’un faible poids économique et ne devraient donner lieu qu’à un nombre limité de créations d’emplois souvent saisonniers».

Bref, c’est du sous-sous-sous Paris Plage que nous concocte Hidalgo mais de manière définitive, sans qu’elle sache au passage quoi faire du très long tunnel des Tuileries et du tunnel Henri IV qui ne se prêtent en rien à une exploitation balnéaire ou festive !

D’ailleurs, après avoir fait un décompte précis de ce que la ville pourra réellement verdir, la Commission d’enquête est arrivée à un résultat comique : «1500 m² environ au total (pourront être gazonnés) auxquels s’ajouteront 25 arbres fruitiers palissés sur une surface totale fermée à la circulation de 4,5 ha (soit 45000 m2) ». Bref, 3 % de la surface impactée pourront être transformés en espaces verts !

Nous sommes donc dans une forme culminante et presque paroxystique de ce que la mairie de Delanoë et d’Hidalgo ont fait depuis quinze ans : enfumer l’opinion, truquer les chiffres, gaspiller l’argent, ne penser qu’aux effets de communication. Pauvre ville, pauvre quais, pauvres Parisiens …

Lu sur Le Delanopolis

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