Par Ivan Blot
On se frotte les yeux après avoir lu la page deux de ce grand quotidien dans le numéro daté du 28 juillet. Une envoyée spéciale à Donetsk, ville d’un million d’habitants, raconte l’enfer vécu par les habitants sous le feu de l’armée ukrainienne. Vous avez bien lu : l’armée ukrainienne et non l’armée russe ! Et la journaliste insiste : « pour les autorités ukrainiennes, reprendre la capitale du Donbass est une priorité. Elles ont promis de ne pas bombarder la ville (..) mais dans un rapport publié le 25 juillet l’organisation internationale de surveillance des droits de l’homme « Human Rights Watch » (HRW) prend Kiev en défaut : « selon des indices concordants, l’armée ukrainienne est à l’origine de tirs de roquettes qui ont causé la mort d’au moins 16 civils depuis le 12 juillet. Ces tirs de roquette sont si imprécis que leur usage systématique est proche du crime de guerre selon HRW ; une ukrainienne Nadia qui avait voté lors du référendum pour l’indépendance du Donbass constate qu’elle n’a plus que le choix suivant : fuir (vers la Russie comme 515 000 réfugiés selon l’ONU) ou mourir sous les tirs ukrainiens et elle ajoute : « comment voulez- vous qu’on vive avec des gens qui nous tuent ? » Répondre à des référendums autonomistes par une guerre sans merci n’est pas le meilleur moyen pour l’Ukraine de sauver son unité !
En dessous de cet article, on peut lire : « la Pologne est condamnée pour avoir abrité des prisons secrètes de la CIA ; la cour européenne des droits de l’homme estime que Varsovie a facilité le transfert et la torture sur son sol de prisonniers ensuite envoyés à Guantanamo. » Des soupçons portent sur la Roumanie et la Lituanie mais aussi sur la Suède, l’Espagne voire l’Allemagne. Toujours selon le même journal, à propos de tortures infligés dans ces pays dans des prisons secrètes, « dans d’autres pays, la règle a été celle du silence couvert par les institutions européennes soucieuse (..) de ne pas compliquer davantage les relations avec Washington. »
Une fois que vous avez lu tout ceci, vous passez au troisième article : « des personnalités russes de haut rang visées par l’Union européenne (..) 15 personnalités sont interdites de voyage dans l’UE et leurs avoirs vont être gelés. Cette nouvelle salve de mesures porte à 87 le nombre de personnalités russes et ukrainiennes soumises à des sanctions ».
D’un côté, 500 000 réfugiés ukrainiens qui ont peur des violences de l’armée de Kiev (cette armée qui tire contre son propre peuple peut-elle encore être appelée « ukrainiennes » ?), la dénonciation par la justice internationale de camp de tortures américains secrets basés en Europe avec la complicité de gouvernements comme celui de la Pologne, et de l’autre côté, des condamnations individuelles arbitraires baptisées « sanctions » faisant bon marché de la liberté individuelle et du respect du droit de propriété, sanctions réservées aux méchants Russes et à leurs alliés.
Où sont les sanctions internationales contre les tortionnaires de la CIA dénoncés par la justice européenne, les personnalités européennes complices et les gouvernants de Kiev qui bombardent des civils ?
Trop, c’est trop et même la grande presse comme « le Monde » ne peut taire les faits au point de donner l’impression aux lecteurs que les sanctions contre les Russes sont injustes et absurdes.
On est dans un arbitraire de plus en plus total. Des oligarchies politiques de plus en plus rejetées par leurs peuples contrôlent l’Europe pour le profit des intérêts de l’empire de Washington et menacent aujourd’hui la paix dans le monde.
On menace la paix, la liberté mais aussi la prospérité : car tous les économistes depuis Adam Smith savent que les « sanctions » en économie sont des boomerangs : si vous frappez le producteur, vous faites tort au consommateur et vice versa. On voudrait affaiblir l’’économie européenne, et pas seulement l’économie russe qu’on ne s’y prendrait pas autrement. Alors, il faut poser la question de tous les policiers du monde : « à qui le crIme profite ? » On peut déjà répondre à qui il ne profite pas : tous les peuples d’Europe du Portugal et de l’Irlande à la Russie jusqu’à Vladivostok !
Tout se passe comme si certains intérêts aux Etats-Unis n’hésitaient pas à vouloir affaiblir l’Europe : on peut lire les livres du conseiller préféré des présidents américains Zbigniew Brzezinski qui en toute franchise explique qu’il faut affaiblir, diviser et contrôler l’Eurasie.
Un grand homme politique avait compris cela avant les autres : Charles de Gaulle, héros de la résistance contre le nazisme ! Il écrivait dans ses mémoires d’espoir : « si les Occidentaux de l’ancien monde demeurent subordonnés au nouveau monde, jamais l’Europe ne sera européenne et jamais non plus elle ne pourra rassembler ses deux moitiés » (cité page 5 de mon livre : l’Europe colonisée, éditions Apopsix, 2014).
Voilà ce qu’il nous faut aujourd’hui : des hommes lucides et courageux qui reprennent le combat qui fut celui de la résistance au nom de la patrie et des libertés !