Les dernières informations qui sont livrées à la presse permettent d’échafauder une hypothèse liée aux graves conditions météo. Pour l’analyse précise d’un accident aérien, on peut distinguer et hiérarchiser les causes dans une recherche en trois phases : cause initiale, cause principale, cause aggravante. Chacune des étapes conduisant au sinistre pouvant être multiple.
Ainsi, dans le cas du vol Algérie, c’est en réalité un DC9 affrété à Swiftair, compagnie espagnole avec son équipage, probablement moins familier des itinéraires africains et de leurs spécificités. L’avion est de construction ancienne et nonobstant les révisions périodiques obligées, la cellule peut présenter des zones de faiblesse. L’avion a rencontré un foyer orageux exceptionnel de puissance dont l’équipage avait voulu se détourner, sans doute trop tard. Le grand fauteur de turbulences est le cumulo-nimbus, particulièrement violent en ciel tropical, dans lequel de forts courants ascendants et descendants rapprochés créent des phénomènes de cisaillement brutaux et puissants.
Le fait d’un impact à vitesse élevée – élément incontestable constaté au sol – milite pour un avion totalement hors contrôle, conséquence possible de la rupture d’un élément de gouverne ou de structure. La cause pourrait en être imputée soit à un cisaillement brutal dans le nuage, soit par suite d’une manœuvre de récupération inhabituelle et désespérée ayant fait supporter à l’avion une accélération (G) bien au-delà de ses limites autorisées. Par ailleurs, une décharge électrique – phénomène fréquent en ces circonstances – peut avoir affecté un ou les deux réacteurs, conduisant jusqu’à leur extinction.
Au-delà des phénomènes météorologiques, la première interrogation qui vient à l’esprit est le refus imposé à l’équipage de faire demi-tour. Qui ou que transportait cet appareil pour que sa destination soit atteinte coûte que coûte ? On a connu, par le passé, des accidents qui étaient la conséquence aggravante et fatale d’un ordre impératif très peu compatible avec la poursuite du vol. La seconde tient à l’empressement de la France (de l’Élysée, plus précisément) à prendre immédiatement en mains la gestion totale de l’accident dans tous ses aspects : humain, technique et d’investigation légale… Y compris le rapatriement de tous les éléments corporels des victimes.
Ce sont sans doute les questions (qui concernent ces fameuses causes que je classe dans la catégorie « aggravante ») dont les réponses ne seront pas exposées au grand public…
Henri Gizardin
Ancien pilote de chasse