Nouveau président du Conseil français du culte musulman (CFCM) à compter de ce 1er juillet, le Marocain Anouar Kbibech multiplie les sorties médiatiques depuis plusieurs semaines, présentant ses projets de nouveau dirigeant. Et il semble vouloir jouer sur tous les tableaux.
Affaires religieuses bien sûr, affaires sociales, mais aussi… écologie, Anouar Kbibech élargit clairement les centres d’intérêts de la présidence du Conseil français du culte musulman (CFCM). Dès ce mercredi 1er juillet en effet, il en prendra la tête de l’instance censée représenter les musulmans de France, succédant au controversé Dalil Boubakeur.
Démontrer la compatibilité de l’islam avec la République
Depuis plusieurs semaines, l’homme de 53 ans multiplie les sorties médiatiques présentant la ligne dans laquelle il entend s’inscrire durant ses fonctions. L’un des sujets qui lui tient à cœur est celui de la lutte contre la radicalisation. Partisan d’un « islam républicain », Anouar Kbibech se montre très optimiste. « «Nous pouvons démontrer qu’en France, l’Islam est compatible avec la République», a-t-il déclaré ce mardi dans une interview accordée à L’Opinion.
Face à Jeune Afrique hier, lundi, il expliquait comment le CFCM devait adopter une nouvelle ligne pour mieux toucher les jeunes, principale cible des mouvements radicaux. « On doit être au diapason de ce que pense la jeunesse musulmane, être plus à l’écoute de ses attentes », a-t-il confié, rappelant la mise en place prochaine d’un conseil théologique en France qui réunirait des oulémas de toute sensibilité avec pour rôle d’émettre des fatwas par rapport aux concepts extrémistes qui circulent sur les réseaux sociaux.
La formation des imams aussi est un dossier pour lequel Anouar Kbibech porte une attention particulière. Et comme de leaders de l’islam de France, il penche pour une formation à la fois théologique et « profane », pour employer ses propres termes. Il s’agit de leur transmettre « la connaissance de l’histoire et des valeurs de la laïcité, des autres religions, des institutions de la République. Ces formations sur la langue française et sur les connaissances profanes permettent de donner des armes aux imams et aux aumôniers pour faire face aux défis qu’ils doivent relever auprès de la jeunesse », a-t-il expliqué dans un entretien avec Metronews.
Emmener les musulmans à adorer en sauvegardant la nature
Cependant, les questions religieuses et sociales ne sont les seules à préoccuper Anouar Kbibech. Dans un échange avec le Monde des religions, il fait part de sa volonté de faire de l’écologie un de ses chevaux de batail. « La sauvegarde de la nature doit devenir un acte d’adoration au même titre que la prière, que le jeûne, que le pèlerinage », affirme-t-il, prévoyant entre autres de « lancer des campagnes d’affichage à ce propos dans les boucheries, restaurants et épiceries halal qui sont très fréquentés » afin de sensibiliser ses coreligionnaires.
Pour ce qui est de l’étiquette « sarkozyste » portée par le CFCM qui lui vaut souvent bien de critiques, M. Kbibech estime que c’est un « péché originel » de la création du conseil qui relève du passé. Pour lui, il n’y a aucune différence entre ce qui se passait à l’époque et ce qui se fait aujourd’hui avec notamment l’invitation du ministre de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve, le 15 juin dernier à laquelle ont répondu plusieurs membres actif de la communauté musulmane. « Ce que [ces mêmes personnes] reprochaient au CFCM en 2003, elles le pratiquent en 2015 », a-t-il lancé.
Diplômé des Ponts et Chaussées et directeur dans une entreprise de télécommunications, Anouar Kbibech cumule les casquettes. A noter qu’il est également président du Rassemblement des musulmans de France (RMF), qui représente l’essentiel de la composante musulmane d’origine marocaine en France. C’est fort de tout ce bagage qu’il entend tenir sa nouvelle fonction de président du CFCM. Le Conseil est « conscient du déficit d’image qu’il a pu avoir auprès de la communauté nationale et auprès des musulmans de France », a-t-il avoué sur Sud Radio, ajoutant qu’il travaillera avec la « culture de résultats ».